Le récent aveu du Premier ministre Abdelmalek Sellal quant au retard du programme de réalisation du million et demi de logements, retard au demeurant constaté depuis longtemps sur le terrain, va probablement être au centre des discussions qu'il va avoir à Oran lors de sa prochaine visite annoncée cette semaine. Et pour cause, en plus du déficit toujours difficile à combler de l'offre, et malgré la multiplication des formules d'aide, le lancement d'un programme de restauration du vieux bâti à Oran, avec une enveloppe dépassant les 2,5 milliards de DA alloués par les pouvoirs public, est un volet à inclure dans cette problématique. Lancée il y a un an, la restauration des vieux immeubles du centre-ville datant de l'ère coloniale commence à être visible avec l'achèvement de la réhabilitation de certaines bâtisses prises en charge par des sociétés spécialisées espagnole et italienne, en attendant l'entrée en lice des entreprises françaises. Si jusqu'ici le flou semble quelque peu entretenu autour des cahiers de charges, ayant même provoqué des flottements dans la conduite des chantiers, notamment pour les dizaines d'ouvriers algériens recrutés et en formation, la question de l'implication des locataires n'a pas trouvé de solution, semble-t-il. Au début de l'opération à Oran, où on parlait de 600 immeubles à restaurer sans oublier les édifices historiques comme le siège de l'Hôtel de ville ou le siège de la Chambre de commerce, il avait été question d'une participation financière des locataires. Le ministre de l'Habitat l'avait déclaré en évoquant “l'entretien, la maintenance et la réhabilitation du bâti qui devaient devenir des opérations permanentes à la charge des propriétaires." Pour l'heure, certains locataires d'immeubles restaurés ont profité de cette plus-value pour augmenter les loyers et provoquer un boom de l'immobilier dans le centre-ville. L'autre grande inquiétude est orientée vers les assiettes de terrain intra-muros dégagées car nombre d'immeubles vont être démolis du fait de l'état irrémédiable de dégradation. Ici, des voix interpellent les autorités locales pour agir dans la transparence la plus totale pour éviter une spéculation et un trafic de foncier dans le tissu urbain. D'ores et déjà, des pâtés de maisons et d'immeubles, dans certains quartiers à haute valeur foncière, ont fait l'objet de transactions financières pour le moins étonnantes, laissant craindre un accaparement “de ce marché" par les spéculateurs. Généralement, les couches modestes de la population sont expulsées lors de ces opérations, allant grossir les quartiers périphériques et des cités dortoirs qui enlaidissent le tissu urbain. La réhabilitation et la restauration du vieux bâti doit intégrer les notions complexes et interdépendante comme les habitants, le cadre de vie, la culture, le développement,... estiment des urbanistes et architectes. D. L