Résumé : Youcef rentrait de plus en plus tard... J'étais en colère contre lui. Nous faisions chambre à part. Je change ma coupe de cheveux, me maquille, et m'habille d'une manière plus féminine. Il ne le remarque même pas. Je n'en pouvais plus de son indifférence. Je n'écrivais plus. Ma rubrique était assurée par une collaboratrice. Je voulais changer ! Des associations m'avaient contactée pour la prise en main de leurs actions. J'ai refusé. Je ne voulais plus devenir le bouc émissaire d'un objectif loin d'être atteint. Maintenant je voulais vivre. Vivre pour moi, pour Youcef et pour notre enfant ! Qu'on me laisse donc en paix ! N'en pouvant plus, je prends Mehdi un matin, et me rendis chez ma mère. Elle fut heureuse de me voir bien sûr, mais remarqua vite mon air outré et les cernes sous mes yeux : - Que se passe-t-il ? Quelque chose ne va pas ? Je fondis en larmes et me jette dans ses bras : - Oh maman ! Maman ! J'ai gâché ma vie.... - Mais non ! Voyons, que dis-tu là ? Elle me regarde et comprit : - Quelque chose ne tourne pas rond entre toi et Youcef, n'est ce pas ? Je hoche la tête et mes larmes redoublèrent : - Je ne le reconnais plus. Il n'est plus l'homme que j'ai connu. Il... il a totalement changé. Ma mère me serre contre elle et se met à me bercer comme lorsque, petite fille, je faisais des cauchemars la nuit. - Allons, allons, calme-toi... Tout va s'arranger. - Non... Non, je ne le pense pas. Je renifle et me mouche avant d'essuyer mes yeux qui commençaient à enfler : - Youcef rentre de plus en plus tard. La semaine dernière, il avait passé toute la nuit dehors. J'étais si inquiète au petit matin, que dès que la nurse était venue, je décidais de partir à sa recherche. Je l'ai rencontré au parking. Il était 8h30 du matin. Monsieur venait de se la rappliquer. Tu imagines un peu ma réaction, maman ! - Tu as fais tout une scène. Et tu as refusé d'entendre ses arguments. - Quels arguments ? Mon mari me ment. - Pourquoi dis-tu cela ? - Mon mari me ment, maman. Je le sens. Je ne pourrais pas me tromper là-dessus. Mon instinct de femme est en alerte. Ma mère me fait asseoir et me verse un café noir : - J'aimerais que tu m'expliques un peu tes appréhensions, ma fille. Si je dois comprendre que tu doutes de ton mari, tu devrais m'en donner de bonnes raisons. Ne t'estime pas au-dessus des autres. Les hommes sont ce qu'ils sont. Mais avant de t'emballer, sois certaine de ce que tu avances. - Je n'avance rien maman. Je... je me sens si malheureuse ces derniers temps. Youcef a un comportement inhabituel. - Alors prends ton courage à deux mains et engage une conversation avec lui. - Il ne veut rien savoir. Pour lui, c'est le boulot, les amis et je ne sais plus. Après la scène que nous avions eue la semaine dernière, nous ne nous parlons presque pas. Je n'aimerais pas qu'il prenne mon inquiétude pour une faiblesse. - Et même si c'est le cas, où est le mal ? Après tout, Youcef est ton mari et le père de ton fils. - Oui... c'est là le comble. J'ai toujours combattu. J'ai mis des femmes en garde contre les méfaits conjugaux. Et maintenant... et maintenant, je me retrouve moi-même ligotée par ces méfaits. - Allons donc, il ne s'est rien passé. La crise passe, puis disparaît. C'est pareil chez tout le monde. - Non, pas chez moi. Je me sens comme ce cordonnier mal chaussé. - Hum... tu vois où te mènent tes prétentions ? Je hausse les épaules : - Je n'ai rien fait de mal. J'ai juste voulu secouer les consciences. Le monde entier vit à l'heure de la technologie et du progrès. Et nous, nous sommes encore à nous demander si on peut instaurer un compromis entre l'homme et la femme. - Cela aussi se passe partout dans le monde. Oublies-tu donc ce que tu écrivais dans tes articles : la femme qui demande l'égalité doit modérer sa supériorité. C'est un conflit vieux comme le monde. Nous en avions discuté à maintes reprises. Rappelles-toi aussi que je t'avais mise en garde. Je savais que Youcef finirait un jour par craquer. Non pas parce que tu réussis mais parce qu'il a besoin de toi. Ton mari a besoin de sentir ta présence auprès de lui. Tous les hommes sont comme des enfants. Ils recherchent l'affection de leur mère chez toutes les femmes qu'ils rencontrent. C'est pour cela qu'il y a des maris qui ne font pas long feu de leur mariage. - Tu crois que Youcef me trompe ? dis-je en reniflant. Ma mère sourit : - Tu es jalouse ? Et si c'est la réalité... la triste réalité ? Que feras-tu ? (À suivre) Y. H.