On ne peut parler de l'histoire du mouvement syndical algérien sans citer Aïssat Idir dont le nom reste intimement lié à cette organisation pour laquelle il s'est sacrifié jusqu'à la dernière minute de sa vie. C'est autour de ce sujet que l'association Machaâl Echahid a organisé, hier, au Forum de la mémoire d'El Moudjahid, une conférence animée par l'historien, journaliste et auteur, le Dr Mohamed Abbas, et un grand syndicaliste et auteur de Le mouvement syndical algérien à l'épreuve de l'indépendance, Abdelmadjid Azzi. Le premier fera une esquisse sur la vie du père du syndicalisme algérien, Aïssat Idir, qui a pris conscience d'impliquer des milliers de travailleurs algériens dans la Révolution de Novembre. Ce dernier, qui avait déjà un parcours prestigieux dans le mouvement syndical algérien, savait ce que pouvait représenter l'unité et la cohésion des travailleurs dans le mouvement de libération. Aïssat Idir a connu de près la ségrégation dont souffraient les ouvriers algériens, très souvent exploités et très mal considérés par rapport aux Français. Il trouva là les conditions d'une mobilisation naturelle pour militer en leur faveur. Mais dès la création de l'UGTA, décidée très vite, comme l'explique Abdelmadjid Azzi, par le FLN pour contrecarrer l'autre organisation syndicale, l'USTA du MNA (Mouvement nationaliste algérien de Messali Hadj), née quelques jours auparavant, sera très mal appréciée par l'administration coloniale qui fera tout pour la casser en opérant au début par des pressions sur Aïssat et ses camarades de combat, avant de passer aux étapes les plus dures, à savoir les emprisonnements fréquents dans les geôles de Berrouaghia, Bossuet (Dhaya à Sidi Bel-Abbès) et Barberousse à Alger. Cette création, même précipitée, est stratégique pour le FLN qui voulait un écho international, puisque l'UGTA sera aussitôt soutenue par plusieurs organisations internationales dont le syndicat américain, ce qui favorisera son adhésion à la CISL. Malgré cela, l'administration continuera ses pressions jusqu'à faire dissoudre l'UGTA, sous le motif d'atteinte à la sécurité de l'Etat et dont les membres étaient contraints de militer en exil. L'administration française savait, en effet, que la naissance de cette organisation avait pour objectif un plan stratégique visant l'unification des forces sociales. Mais pour Aïssat Idir, c'est une série de détentions qui commencera pour lui. Les tortures ordonnées par le colonel Godart au centre de Birtraria finiront par avoir raison de son corps affaibli. Il décédera le 27 juillet 1959. La nouvelle de sa disparition suscitera des protestations un peu partout dans le monde dénonçant le crime abject. À noter la présence à la commémoration de cette journée du SG de l'UGTA, Abdelmadjid Sidi-Saïd, ainsi que des syndicalistes et des anciens moudjahidine. A F