Le MSP vit une crise qui peut l'éloigner du cercle du pouvoir qu'il a investi depuis des années. Tout dépend de la réaction de Soltani. Le MSP est entré dans une phase cruciale depuis que son chef, Boudjerra Soltani, est tombé en disgrâce, aux yeux du président de la République, qui l'a mis au défi de dévoiler sa fameuse liste de hautes personnalités qui seraient trempées dans la corruption, lors de son discours devant les walis le 9 décembre. En voulant faire du dossier de la corruption, son cheval de bataille pour les prochaines conquêtes électorales, le ministre d'Etat a occulté une réalité immuable du paysage politique national, à savoir qu'il manoeuvre sur du sable mouvant. Acculé par une partie de ses cadres frondeurs, révoltés par son attitude à vouloir les mettre sur la voie de garage en lançant l'idée de la limitation des mandats à la députation, et récalcitrant quant à la ligne politique adoptée par leur parti propulsé à la gestion des affaires courantes dans un gouvernement dominé par les thèses du FLN, il se retrouve, de façon brusque, isolé sur la scène politique nationale et affaibli dans son propre parti. En politique, il ne faut jurer de rien, et Boudjerra Soltani a appris, à ses dépens, que les voies du sérail sont toujours impénétrables, même si on use d'un forcing et d'un volontarisme accrus. La première conséquence de ce clash politique majeur est l'irruption d'une grande interrogation sur l'avenir immédiat de l'Alliance Présidentielle, dont le MSP et Boudjerra Soltani, se sont investis depuis des années pour s'imposer comme une alternative au régime actuel. Les observateurs ont noté, dés la naissance de cette structure politique multi-partisane au service de l'application du programme politique du président, des incohérences qui ne pouvaient déboucher, au fil du temps, que sur des rivalités et des «court-circuits» politiques du fait de la nature, à tout le moins, inconciliable des projets politiques des uns et des autres. Devenue vacillante ces derniers temps, la mise à nu d'un des acteurs de cette alliance enfonce le clou de la discorde dans le corps fragilisé de cette union qui n'est plus sacrée. L'approche des échéances électorales explique en partie les phénomènes qui encombrent ces jours-ci le paysage politique national. La chute brutale, auparavant, de l'autre figure de proue de l'Alliance présidentielle, Ahmed Ouyahia, démissionnaire du poste du chef de l'Exécutif a été le premier signe annonciateur de la décantation. Le RND, le FLN et le MSP, après avoir fait le vide autour d'eux, se sont lancés dans une course électorale effrénée, avant terme, loin des alliances, chacun avec ses propres armes. Les «hostilités» ont commencé avec le débat sur le projet d'amendement de la Constitution et la lecture faite au sujet de la fin de la période légale de l'application de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale. Sujets qui ont fait apparaître de profondes divergences au sein de l'Alliance et annoncé de futures turbulences. Le chef du MSP a, peut-être, voulu trop en faire et anticiper sur le cours de événements en criant sur tous les toits qu'il avait plus d'une corde à son jeu. Sauf que cette fois, l'action politique entamée par son parti, sous le slogan «stop corruption», un thème du reste très accrocheur est arrivée à son terme. A moins que l'ex -prédicateur de Constantine ne décide d'aller jusqu'au bout de son combat et répondre au défi du président par la saisie de la justice et de la transmission de sa fameuse «liste noire», si liste, il y a. Pour l'instant, le dommage causé au parti sur la scène nationale et internationale, est incommensurable et les cadres du MSP n'ont pas apprécié la sortie du président qui nuit, non seulement à leur chef mais décrédite tout le travail fait par le parti islamiste. La direction du MSP est en alerte et entend riposter de façon à sauver ce qui peut l'être du capital politique et sympathie engrangés auprès des citoyens qui assistent médusés aux «scènes de ménage» qui se déroulent au-dessus de leur tête.