El Moudjahid s'est distingué cette année pour célébrer la Journée internationale de la femme, fait rare, faut-il le rappeler, en consacrant, d'une part, un supplément dédié aux femmes de l'émigration et aux militantes de la Fédération de France (OCFLN), appelée VIIe Wilaya et, d'autre part, en organisant un forum autour de ce thème. Le centre de presse du doyen des quotidiens nationaux avait peine à contenir tous les invités dont on peut citer le ministre des Moudjahidine, Mohamed-Cherif Abbas, des sénatrices, des cadres de la DGSN et bien évidemment de nos valeureuses moudjahidate ainsi que des familles de celles qui d'entre elles ne sont plus de ce monde. “Elles étaient jeunes, belles et rebelles, ces agents de liaison qui ont fait de la VIIe Wilaya leur terrain de combat. C'est à ce titre que nous tenons aujourd'hui à leur rendre hommage", entonne Naâma Abbas, la DG du journal, dans son discours d'ouverture, avant de céder la parole à l'une des figures emblématiques de cette époque de la Révolution de Novembre. Akila Ouared reprend un à un les noms de ces femmes qui ont marqué la guerre de Libération engagée en terre française. Elles s'appellent Zina Harraïgue, Salima Bouâaziz, Malika Benchenouf, Garmia Ferria, Leïla Mekki, Mme Oul Rouis, Mme Benguedih, Mme Amirat et bien d'autres qui ont sacrifié leur jeunesse, leurs études pour certaines afin de répondre à l'appel du devoir. Pour Mme Ouared, la Wilaya VII a été une grande école d'apprentissage dans la stricte clandestinité, mais qui a permis aussi d'acquérir un sens élevé de la fraternité. “Juste après la mort de mon père, assassiné par la Main Rouge, ma famille a quitté l'Algérie en catastrophe. Dès notre arrivée en France, nous avons pu avoir des contacts avec le FLN dont les responsables ont répondu à mon souhait de contribuer à la guerre de Libération de notre pays. J'ai donc été, compte tenu de mon niveau d'instruction, admise comme agent de liaison sous la coupe du défunt Slimane Amirat. Il faut dire que la flamme du nationalisme et du patriotisme brûlait en moi depuis les évènements du 8 Mai 1945 alors que je n'avais que 9 ans. Les massacres perpétrés par l'armée coloniale ont éveillé mon désir de me mettre au service de mon pays", raconte la moudjahida, qui rappelle ses différentes tâches au sein de l'organisation dans des conditions hostiles. “Le FLN nous a imposé des règles de conduite, comme par exemple ne pas s'exprimer en arabe, ne pas parler aux Arabes, savoir conduire une voiture", dira-t-elle, et de se rappeler qu'elle avait une petite Dauphine dans laquelle elle transportait des “frères en mission ou ceux qui étaient recherchés". Pour elle, l'apprentissage de la clandestinité s'est fait non sans grande souffrance de surcroît quand les circonstances imposaient de ne pas adresser la parole à des Algériens malgré soi. Ces femmes, ajoute-t-elle, avaient pour tâche d'assurer le secrétariat de l'organisation. Cependant, chose à ne pas effacer de la mémoire collective, dit la moudjahida, c'est la collaboration des catholiques qui ont épousé la cause algérienne. Ces derniers mettaient à la disposition des activistes du FLN leur appartement. Comme elle évoquera le réseau Janson au sein duquel activaient, entre autres, Frantz Fanon ou Simone de Beauvoir et d'autres encore de la crème française. Mme Ouared a travaillé dans ce réseau appelé aussi “porteurs de valises". À ce propos, elle se rappelle le nom de Pierre Delmas qui a énormément aidé l'organisation et dont elle attend un geste des autorités algériennes à son égard. Le long combat mené par la femme ira plus loin avec les évènements du 17 Octobre 1961 quand des milliers d'entre elles sortirent réclamer pendant un mois la libération de leur mari ou de leurs enfants. Elles ne cédèrent pas malgré les brimades et les violences qu'elles subirent. Salima Bouaziz, qui a rejoint l'organisation de 1957 à 1962, était dans le “groupe de choc". Elle aussi nourrissait l'envie de monter au maquis, mais elle sera orientée vers cette branche et avait pour responsable direct son mari Rabah Bouaziz, dit Saïd. Elle était assistante du responsable et s'occupait de la propagande au sein du milieu intellectuel, étant elle-même instruite. Elle fait la connaissance de Zina Harraïgue, belle et élégante femme, Aïcha Bouzar, celle qui a défié les Français en plaçant une bombe dans les toilettes d'un restaurant du 3e étage de la Tour Eiffel. L'explosif, qui n'a malheureusement pas fonctionné, devait saboter les liaisons de la police et de la télévision. A F