L'inhumation des deux enfants a eu lieu, hier, en présence d'une foule imposante et dans un climat empreint d'émotion et de colère. La foule était nombreuse, hier, à l'enterrement de Brahim et Haroun, les deux enfants retrouvés morts, mardi, non loin de l'endroit où ils avaient été enlevés trois jours auparavant par deux hommes. L'inhumation des deux innocents a eu lieu au cimetière de Zouaghi, à environ 9 kilomètres du chef-lieu de wilaya. Outre des proches et des voisins, les autorités locales, à leur tête le chef de cabinet du wali, le chef de daïra d'El-Khroub et le directeur des affaires religieuses, étaient présentes aux funérailles. Des sources ont, en outre, fait part de la présence de la ministre déléguée auprès du ministère de la Solidarité nationale, Souad Bendjaballah, pour présenter les condoléances au nom du gouvernement. Cependant, nous n'avons pu ni confirmer ni infirmer cette information. Fait saillant, la présence du wali de Constantine, Noureddine Bedoui, ainsi que le procureur général, Mohamed Abdelli, lesquels ont préféré assister à l'enterrement de loin, de crainte de la réaction des habitants. Ils ont d'ailleurs quitté les lieux immédiatement après avoir fait une déclaration à la télévision. Il est 12h40, la tension atteint son pic. Deux fourgons de type Master, appartenant à des particuliers, s'approchent du domicile mortuaire. Des volontaires font entrer les deux petits cercueils à la maison, un sentiment d'injustice envahit soudain les lieux. Le silence pesant, qui se faisait sentir quelques minutes plutôt, laisse place aux cris et aux pleurs des proches, mais également des anonymes qui ne pouvaient plus contenir leur émotion. Au moment où on faisait entrer les corps des deux petits garçons dans la maison, les gens se marchaient sur les pieds et se bousculaient pour faire un dernier adieu à Brahim et Haroun. Les pères des deux petits garçons, à leurs côtés des centaines de personnes, voire des milliers, qui ont afflué de partout dès les premières heures de la matinée, avaient le visage marqué par l'impuissance face à cette horreur inqualifiable dans laquelle ils ont été plongés malgré eux. La maman de l'un des garçons, et qu'on pouvait à peine apercevoir de loin, était dans un état lamentable. La prière mortuaire (“salat el-djanaza") sera accomplie dans un terrain vague, l'endroit où Brahim et Haroun ont été enlevés par leurs bourreaux, avant de se diriger vers le cimetière de Zouaghi, situé à une dizaine de kilomètres de la nouvelle ville Ali-Mendjeli. Une foule indescriptible accompagnait les deux enfants à leur dernière demeure sur fond de youyous et autres “Allah Akbar". Au cimetière, on avait du mal à se frayer un chemin. Le tout-Constantine était présent. Les inévitables retardataires continuaient toujours à se déverser sur le cimetière au point où celui-ci n'arrivait plus à contenir cette foule nombreuse. Ils ne se connaissaient pas, mais partageaient la même douleur et le même sentiment d'injustice. “Ils ont été tués hier, alors qu'on les cherchait assidûment depuis trois jours, on pouvait les retrouver vivants. Il suffisait d'un peu plus de temps", disaient, avec beaucoup de regrets, les gens que nous avons rencontrés hier. D'autres, par ailleurs, scandaient encore des slogans anti-pouvoir. “Nous voulons rendre justice nous-mêmes, nous voulons que la police nous livre ces criminels", disaient certains, alors que d'autres commençaient déjà à échafauder des plans afin d'assiéger, dès aujourd'hui, les commissariats de police pour qu'on leur livre les deux auteurs du crime qui, faut-il le souligner, ont reconnu avoir assassiné froidement les deux garçons. I B