Dans leur rapport intitulé vision pour l'Algérie à l'horizon 2020, les experts du groupe Nabni estiment que l'Algérie a les moyens de “réduire progressivement dans un délai de 5 à 7 ans" les subventions accordées aux produits énergétiques. L'analyse de Nabni commence par un bilan très négatif de leur impact. “Ces subventions généralisées et non ciblées représentent une redistribution inégale et inefficace de la rente des hydrocarbures dont les classes défavorisées profitent le moins. De ce point de vue-là, leur remplacement par la distribution ciblée de subventions directes (ou des transferts monétaires directs) serait une mesure d'équité sociale." Pour Nabni, la demande dimensionnant l'offre, la politique énergétique devrait se concentrer en priorité sur la maîtrise de demande énergétique qui est le moyen “le moins coûteux, le moins risqué et le plus rapide" pour augmenter la durée de vie de nos réserves énergétiques et ainsi assurer la sécurité énergétique du pays tout en pérennisant les exportations d'hydrocarbures. Cette analyse se poursuit par un certain nombre de propositions très concrètes : “A partir du 1er janvier 2015, les subventions d'essence, de diesel et de GPL seront progressivement réduites à l'horizon 2020. Une formule de calcul des prix sera mise en place, qui permettra de couvrir les coûts de la chaîne logistique (production + distribution jusqu'au consommateur final) auxquels sera ajouté un taux de rémunération conforme aux standards internationaux (autour de 10%) et revenant aux opérateurs." Cette formule de prix devra aussi atténuer les fluctuations du prix du baril tout en étant relativement élastique tant à la hausse des prix qu'à leur baisse. Nabni estime également que la baisse des subventions des carburants permettra aussi d'établir un système cohérent des prix. Par exemple, “la différence de prix entre le gasoil et l'essence est aujourd'hui excessive, ce qui engendre un excès de diésélisation du parc automobile. Le GPL est aujourd'hui bien plus cher que le gasoil, alors que ce dernier doit être importé et que l'Algérie produit des quantités importantes de GPL". Cette baisse des subventions devrait enfin permettre aux prix des carburants “de rejoindre celui des pays voisins (Tunisie et Maroc). Cela permettra de réduire la contrebande de carburant aux frontières et les pertes correspondantes pour le budget de l'Etat ainsi que les problèmes de sécurité que ces trafics engendrent. Une barrière importante à l'intégration économique régionale serait en outre ainsi levée". H. H.