Lorsqu'une ancienne ambassadrice américaine à Bamako avait révélé le montant de 17 millions de dollars payés par la France pour obtenir la libération de ses ressortissants enlevés par Aqmi, il n'y eut pratiquement pas de surprise. Tout le monde savait que les kidnappings étaient devenus une “industrie" permettant de financer les activités d'Aqmi qui obtenait les rançons réclamées. Ce ne sera désormais plus le cas en ce qui concerne le France qui a lancé une offensive militaire au Mali où elle semble avoir mis fin au parcours sanglant de Mokhtar Belmokhtar et d'Abdelhamid Abou Zeïd. En recevant les familles des sept otages enlevés au Niger et au Mali, le président François Hollande a annoncé un changement de doctrine. “Il nous a dit qu'il était impensable que l'on donne de l'argent à des organisations contre lesquelles nous sommes en guerre", a déclaré Françoise Larribe, épouse d'un des captifs, au “Monde" paru lundi. “C'était le 13 janvier, M. Hollande nous a réunis à l'Elysée ...", se souvient François Larribe. “Le changement de ton a été radical entre la précédente rencontre, en septembre, et celle-ci. La discussion a été tendue. Les rançons sont une goutte d'eau dans le financement du terrorisme par rapport à la drogue dans cette région. Ma famille et moi considérons qu'il se fourvoie dans sa gestion des otages, je suis dégoûtée", poursuit-elle. A sa suite, c'est le père de l'otage Philippe Verdon, également présent à l'Elysée, qui exprime son inquiétude. “On arrive à la fin de l'opération des Ifoghas, on n'a pas entendu parler des otages", a déclaré mardi sur RTL Jean-Pierre Verdon. “Côté français on ne dit rien, les djihadistes ne parlent pas non plus, c'est-à-dire que nous sommes dans un brouillard total et c'est insupportable à vivre". Pour M. Verdon, les familles n'ont donc pas le choix. “Ce n'est pas moi qui dirige la politique de l'Etat. Nous sommes dans une situation de victimes. Nos proches sont entre les mains d'une faction qui n'a ni foi ni loi, qui ne connaît que, soit la force, soit l'argent. Nous, nous sommes au milieu, complètement ballottés par ces contradictions et c'est extrêmement difficile à vivre", a-t-il fait valoir. L'Elysée n'a pas commenté ces propos. François Hollande avait affirmé le 8 février la position de la France en matière de rançon en déclarant qu'“il n'y a pas de questions financières qui puissent être évoquées" pour obtenir la libération des otages. Cité par “Le Monde", un conseiller ministériel a soutenu que “la France refusera toute transaction financière et s'opposera à toute forme de versement" en allusion aux sommes qui peuvent être payées par les familles, les entreprises ou les compagnies d'assurances. Une consigne, dit “Le Monde", transmise à l'ensemble des services de l'Etat concernés. Les ambassadeurs français dans les pays à risque ont été informés sur cette nouvelle doctrine. A. O