Résumé : Après avoir écouté son beau-fils jusqu'au bout, Zahia lui demandera s'il prescrivait des médicaments. En particulier des anti-dépresseurs. Azad lui expliquera qu'il était plutôt là pour des thérapies orales. Sur le chemin du retour, Zahia éclate en sanglots. Elle n'arrivait pas à admettre qu'Azad pouvait se permettre un tel appartement. Zahia se retourne vivement vers sa fille : - Toi, tu n'as pas intérêt à dire un mot de plus. Non seulement tu as fait la boniche toute la soirée, mais aussi, depuis que ton frère est là, tu n'a d'yeux que pour lui. On dirait que personne ne compte plus pour toi. Katia allait riposter, lorsque son père lève une main suppliante : - Que se passe-t-il Zahia ? Je n'arrive plus à te suivre. Pourtant, tu étais contente du dîner et de l'accueil. Tu as fais honneur à la cuisine d'Azad et... - La cuisine d'Azad ! Ah ! Ah ! Ah ! Laisse-moi rire ! Il vous a tous dupés. Tu crois vraiment que c'est lui qui a cuisiné ? Je n'en reviens toujours pas. Il vous a eus par ses airs calmes et innocents. Je suis certaine, moi, que c'est un traiteur qui a préparé les plats. Il n'avait eu qu'à les réchauffer pour nous en mettre plein la vue. Katia s'insurge : - Mais il y avait encore tous les ingrédients et les épluchures de légumes sur le potager. La tarte au citron cuisait encore au four lorsque je suis rentrée dans la cuisine à notre arrivée. Zahia hausse les épaules : - Toujours prête à le défendre. Et alors ? Même si les épices et je ne sais quoi jonchaient le potager, il se pourrait qu'un cuisinier soit venu auparavant. Agacé, Tahar redémarre : - Je ne vois pas pourquoi tu en fais tout un plat. Nous étions invités à un dîner. Pourquoi cherches-tu à compliquer les choses ? Elle s'écrie hors d'elle : - Je ne les complique pas ! C'est plutôt toi qui t'entête à t'aveugler. Ne vois-tu pas que ton fils, celui que tu as ignoré durant des années, est revenu pour autre chose ? Ce n'est pas le fait de s'installer et de travailler dans son pays qui l'a motivé à rentrer. - Que veux-tu dire ? - Je pense qu'il veut sa part d'héritage. Une partie de nos biens et de tout ce que tu possèdes. - C'est tout à fait légitime. Mais tu sais bien que dans le testament actuel, Azad n'est même pas cité. - Oui, mais il le sera d'ici peu. Ce garçon a le chic de mettre mes nerfs à vif. Il prend toujours cet air calme et serein qui me met en boule. Je ne sais pas si je pourrais résister trop longtemps à une situation qui risquera de nous dépasser tous si je ne prends pas le taureau par les cornes. Katia lance d'une petite voix : - Maman, c'est toi qui avait eu l'idée de préparer un couscous et de l'inviter à dîner, le soir où il avait emménagé chez lui. C'est de là qu'il avait eu l'idée à son tour de nous inviter. Zahia tendit sa main et donne une gifle à sa fille : - Je ne veux plus t'entendre le défendre ! Compris ? Le cas échéant tu auras affaire à moi. Katia porte la main à sa joue enflammée et lance d'une voix rageuse : - Maintenant que mon frère est là, personne ne m'empêchera de le défendre ou de me rendre chez lui. Je te rappelle, ma chère maman, que jusqu'à ces derniers temps, tu n'avais jamais jugé opportun de t'occuper de moi. Tahar s'écrie hors de lui : - Arrêtez donc toutes les deux ! Je ne sais pas ce qui vous prend ce soir, mais je crois que vous avez avalé quelque chose que vous n'arrivez pas à digérer. Zahia reprend son air courroucé avant de lancer : - Demande à ton fils. Peut-être a-t-il rajouté quelque saloperie dans sa bouffe pour disloquer la famille ? En tout état de fait, je vous ai déjà prévenus. Mon flair me trompe rarement. Ils étaient arrivés devant la villa, et Tahar arrête le moteur et se retourne vers sa femme : - Zahia s'il te plaît, ne te mets pas dans cet état. Elle garde le silence, mais Tahar constate que ses mains tremblaient. Elle suit son regard et tente de se dérober : - Je me sens très bien. Je vais bien. Ne t'inquiètes donc pas pour moi. Prend plutôt en considération l'état psychologique de ta fille. Elle devient insupportable avec moi pour défendre son demi-frère ! Et pourtant, elle ne le connaît même pas encore. - Je n'ai pas à connaître un frère pour l'aimer, l'apprécier. Rappelles-toi donc ! Tu ne cessais de me répéter que j'aimais jouer avec lui avant son départ en France, et que lorsqu'il était parti, j'ai pleuré des journées durant. - Tu étais à peine plus haute que trois pommes. Tu ne peux pas te rappeler d'un frère qui nous a quittés depuis de longues années. Plus de dix ans se sont écoulés avant qu'il ne daigne se rappeler de nous. - Personne non plus ne s'était soucié de lui. Il a affronté mille et une misères pour payer ses études et décrocher ses diplômes. Zahia s'agite et ses mains reprennent leur tremblement : - Tu entends ça, Tahar ? Tu entends ta fille ? Elle nous accuse. Elle nous accuse d'avoir ignoré son frère. Tu ne vas tout de même pas te taire ! (À suivre) Y. H.