Le procès en appel de l'affaire Khalifa s'ouvrira demain à Blida. Six ans après le premier qui a condamné différents cadres à des peines de prison, pour la plupart, aujourd'hui, purgées. Pourquoi tout ce temps mis ? L'argument de pouvoir présenter à la barre Moumen Khelifa ne tient pas la route. Les autorités de Grande-Bretagne ont fait savoir à plusieurs reprises que l'extradition du patron du groupe éponyme prendra du temps. Beaucoup de temps. Il a fallu trois longues années pour que le ministre britannique de l'Intérieur, de l'époque, donne son accord pour son extradition vers l'Algérie. La question est : est-ce qu'on veut réellement voir le condamné à la réclusion à perpétuité, en mars 2007, à ce procès en appel ? Il n'y sera pas, d'où le peu d'intérêt pour une affaire qui ne peut aller jusqu'au fond des choses. Les juges se limiteront à entendre ceux qui purgent encore leur peine. Ils seraient encore quatre. De la centaine de condamnés, certains sont décédés, d'autres ont vu leur vie brisée. Ils sont certes coupables, mais beaucoup ont agi sous les ordres de leur hiérarchie qui, elle, est sortie indemne de cette grande arnaque autorisée par les autorités de l'époque et que les institutions, comme la Banque d'Algérie, entre autres, n'ont su jouer la prévention et limiter les dégâts. Il y a eu des complicités, à tous les niveaux, et les portes avaient d'abord été ouvertes par le sommet de la décision. Alors pourquoi ce procès ? Certains observateurs relèvent que le contexte n'est pas fortuit avec ces derniers scandales de corruption que l'on traîne en longueur et en série. Par exemple, il n'y aurait pas eu de Sonatrach 2 si la justice s'était intéressée à Chakib Khelil, en tant que ministre de tutelle et longtemps directeur général du groupe éclaboussé. À ce jour, le ministre est libre de ses mouvements et ce ne sont pas les perquisitions dans ses appartements si peu occupés qui feront avancer l'affaire. Faut-il voir un lien entre le procès Khalifa et l'affaire Sonatrach ? À part qu'il y a de la corruption dans l'air, le reste est encore une fois entre les mains de la justice qui doit prouver, si c'est son vœu, qu'elle ne veut plus être instrumentalisée. À elle, dès demain et les affaires à venir, de prouver son indépendance. O A [email protected]