Lors de son passage samedi dernier à Tizi Ghennif, à une cinquantaine de kilomètres au sud de Tizi Ouzou, à la librairie KLMI- Edition, Abderrahmane Hadj Nacer, l'ex-gouverneur de la Banque centrale d'Algérie (1989-1992), où il a dédicacé son livre La Martingale algérienne, a rencontré de nombreux citoyens et représentants de la société civile. À l'occasion, il a été sollicité pour répondre à des questions qui polarisent l'actualité dans le pays, et ce, à commencer par l'argent déposé par l'Algérie au Fonds monétaire international. “Cet argent est beaucoup plus en sécurité que les énormes dépôts d'argent dans les banques américaines", répond-il. Et à Abderrahmane Hadj Nacer de donner des explications : “Si les négociations étaient bien menées, l'Algérie aurait son mot à dire dans ce cercle. Quant à l'argent déposé aux USA, qui, d'abord, n'est pas bien rémunéré, en cas de coup dur, il sera irrécupérable et servira les intérêts américains." Pour Hadj Nacer, “il fallait surtout investir cet argent en achetant des participations auprès des grandes firmes telles que Peugeot en France, par exemple". Pour lui, “il est plus qu'indispensable de passer à la convertibilité du dinar pour lui assurer sa place monétaire au lieu de laisser l'informel gangréner l'économie nationale. Il vaut mieux que l'Algérien convertisse son argent dans les banques nationales que de le faire au marché parallèle", estime-t-il. Mais cela doit être accompagné par une bonne organisation et un meilleur fonctionnement des institutions nationales qui devront prouver leur crédibilité. Concernant cette inflation effarante, il estime que le fait de distribuer des salaires sans contrepartie est une erreur monumentale. L'ex-gouverneur de la BCA trouve que la corruption a pris des ailes, d'une part, et que la représentation démocratique est étouffée par la mise en place d'une oligarchie, d'autre part. Invité à s'exprimer sur l'affaire Sonatrach 2, l'orateur dira simplement qu'il s'agit là d'un faux débat. “C'est un théâtre de marionnettes. Il faut analyser le problème en profondeur car ce procès ne vise pas à démasquer le pouvoir", souligne-t-il, sans dire plus à ce sujet. Au contraire, il pense que l'absence du Conseil de l'énergie est un coup fatal quand on voit cette surexploitation des ressources en hydrocarbures. “On est passé de 500 000 barils/jour à la fin des années 1990 à 1 500 000 barils/jour au début des années 2000. Pense-t-on réellement à l'avenir de nos enfants ?" s'interroge-t-il. Auparavant, rappelle-t-il, ce conseil se réunissait régulièrement et prenait les décisions adéquates. Aujourd'hui, on ne le voit plus. M. Hadj Nacer plaide pour un débat public sur l'énergie. “Nous constatons que tout le grand capital technologique accumulé durant des années a été dilapidé", ajoute-t-il. L'auteur de La Martingale algérienne pense qu'il faut faire revivre toutes les boîtes d'ingénierie que possédait notre pays. C'est ainsi qu'il s'étonne de savoir que la chaudronnerie est importée de Corée alors que ce pays n'est pas producteur de pétrole. Après avoir répondu à toutes ces questions qui taraudent l'esprit, ce technocrate affirme qu'il est temps pour l'Algérien d'être valorisé. “Nous devons faire confiance à nous-mêmes et en notre histoire" car pour l'ex-premier grand argentier du pays, il n'y a pas de développement durable sans connaissance de son histoire et de sa culture, qu'il n'y a pas de gouvernance efficace sans élite ni d'économie performante sans démocratie, ni encore moins de liberté sans un Etat fort et crédible. O. G