“Ce sont des problèmes socioéconomiques", soutient d'emblée le SG de la CNCPPDH, Abderahal Merdjana. “Des revendications simples", dit-il. En conviant hier à Alger quelques jeunes de Ouargla pour une rencontre-débat, par l'entremise de Mme Saïda Benhabylès, ancienne ministre de la Solidarité, aujourd'hui présidente d'une association de solidarité avec la femme rurale, la Commission nationale consultative pour la protection et la promotion des droits de l'Homme (CNCPPDH) entendait visiblement délivrer un double message : qu'elle peut jouer “le relais" entre “l'Algérie d'en bas" et les hautes autorités du pays auxquelles elle s'engage à transmettre les doléances des jeunes du Sud, d'une part, et organiser le dialogue, talon d'Achille des autorités, d'autre part. Mais, il reste que la médiatisation de la rencontre et la focalisation sur le caractère exclusivement socioéconomique des revendications des jeunes de Ouargla peut susciter quelques légitimes interrogations sur les arrière-pensées d'une telle rencontre et les objectifs qu'elle s'assigne. Tous les intervenants se sont évertués, en effet, à évacuer le volet éminemment politique des problèmes posés par les jeunes. “Ce sont des problèmes socioéconomiques", soutient d'emblée le SG de la CNCPPDH, Abderahal Merdjana. “Ce sont des revendications simples", dit-il. Un qualificatif qui ne passe pas pourtant auprès de Termoune Tayeb, un jeune parmi la délégation. “Nos problèmes étaient simples à un moment donné, mais aujourd'hui ils sont profonds. Les gens du Sud ressentent la hogra. On est marginalisés dans tous les domaines, de la Présidence jusqu'au simple fonctionnaire local", affirme-t-il. “C'est comme si on venait d'un autre pays", déplore-t-il. Il se demande comment un “jeune qui vient de Béjaïa, d'Oran ou Sétif trouve un emploi" alors que lui, “non". “On préfère le diplôme de Boumerdès à celui de Ouargla", accuse-t-il. Il récuse les allégations de racisme dont certaines veulent les accabler. “On s'en fout de ces accusations, mais le racisme, on le subit", dit-il, tout en conviant les membres de la commission à aller voir sur le terrain la situation des jeunes dans le Sud. Termoune Tayeb qui “ne crois pas encore que l'Etat pense à (eux)", soutient que l'instruction de Sellal n'est pas encore effective sur le terrain. “On ne veut plus de promesses. On veut du concret". “On veut des places au sein de l'ANP", a-t-il dit, par ailleurs. De son côté, Hathat Mahfoud déplore l'absence de canaux de communication. “Nos doléances sont socioéconomiques, nous espérons que l'instruction de Sellal soit effective. Nous sentons qu'il y a de la volonté", s'est-il réjoui. Tout en plaidant pour “l'institution d'une cellule de crise", il caresse l'espoir que la compagnie Sonatrach et les multinationales “entendent leurs doléances". Mais il s'offusque que l'on remette en cause le patriotisme de ces jeunes. “Le patriotisme n'est pas une attestation à délivrer", dit-il. Jeune universitaire, Touahria Ahlam, a admis “qu'il n'y a pas que les problèmes du chômage dans le Sud". “Nous sommes venus pour le problèmes du chômage, mais on a aussi le problème de logement, de développement. Il y a aussi la corruption", dénonce-t-elle. Quant à Mme Benhabylès, elle n'a pas manqué de “louer la responsabilité et le patriotisme de ces jeunes". “Le 14 mars (jour de la marche à Ouargla, ndlr), les jeunes ont donné une leçon de patriotisme", dit-elle. “Certains ont été contactés de l'étranger, comme les auteurs du ‘qui-tue-qui ?, mais ils ne sont pas tombés dans le piège". Il reste que Mme Benhabylès, malgré elle, a évoqué quelques ratés de la politique depuis l'Indépendance. “On a dénoncé l'envoi au Sud des responsables sanctionnés au Nord. L'erreur à l'Indépendance est d'avoir créé des ghettos". K K