“Il y a beaucoup de cas sévères du syndrome néphrétique en Algérie. J'en ai vu ici beaucoup plus qu'au Canada, certainement à cause des mariages consanguins", témoigne le professeur Martin Bitzan, chef de service de l'hôpital d'enfants et enseignant à l'université MacGill de Montréal. “Je me rappelle bien du cas d'une petite fille, née d'un mariage consanguin, qui souffrait du syndrome hémolytique et urémique, qui a causé une insuffisance rénale", ajoute-il. Il évoquait là une patiente qu'il a suivie lors de son précédent séjour en Algérie, à la fin de l'année 2012. Le Pr Bitzan est, en effet, à sa deuxième mission dans notre pays (cette fois ci du 27 mars au 13 avril) en sa qualité d'ambassadeur de la Société internationale de néphrologie qui met en œuvre des programmes d'assistance aux services hospitaliers de pays en développement en vue d'améliorer leurs prestations. Pour l'Algérie, l'accent est mis sur la thérapie et le diagnostic. “Ma collaboration a commencé par une rencontre personnelle avec le professeur Haddoum, lors d'une manifestation internationale. L'idée est de développer davantage une unité de néphrologie pour enfant dans un service d'adulte. Nous pensons élargir la démarche à des équipes de transplantations d'organes", explique l'hôte de l'Algérie. Il n'existe pas vraiment chez nous de spécialistes en néphrologie pédiatrique, alors que la prise en charge thérapeutique d'enfants avec une atteinte rénale, est assez compliquée. Chez les tout petits, la dialyse impacte négativement sur la croissance staturo-pondérale. Ce qui nécessite un traitement additif agressif pour rattraper le déficit. “En Europe et au Canada, ce sont les pédiatres qui se spécialisent en néphrologie, car beaucoup de maladies rénales chez l'enfant sont dans le segment des maladies génétiques héréditaires", rapporte-t-il. Le professeur Bitzan s'intéresse particulièrement au SHU (syndrome hémolytique et urémique), causé par des anomalies du complément (déficit en facteur H, membran cofacteur protein MCP, facteur I, C 3, facteur B). “À Paris et à Toronto, on a commencé à établir des techniques pour comprendre la mutation des gènes responsables de la maladie. Le traitement est aujourd'hui lié au diagnostic", affirme le praticien canadien. Il ajoute qu'un anticorps, (l'éculizumab) développé par un laboratoire américain et indiqué jusqu'alors pour le HPN, une maladie orpheline, a reçu en 2012 l'autorisation d'usage pour le SHU. “C'est tout nouveau. Son efficacité est prouvée pour certaines mutations de complément. Il faut toutefois vacciner avant le traitement", précise-t-il, soulignant que les recherches sont en cours pour trouver de nouveaux médicaments innovants contre ce type de maladies. S. H. Nom Adresse email