Pour la première fois de l'histoire du football national, si l'on excepte l'ère de la cooptation avec feu docteur Maouche, un Algérien est élu dans une structure exécutive continentale. Il y avait de l'émotion certaine, jeudi, à l'hôtel Abou Nouas de Tunis, au moment de l'annonce des résultats des élections du bureau exécutif de la CAF. M. Mohamed Raouraoua, candidat algérien, ne peut retenir ses larmes… de joie. Le président de la FAF vient d'être élu avec une écrasante majorité au sein de l'instance suprême du football africain pour un mandat de quatre ans avec 33 voix sur 51 possibles que compte l'auguste assemblée. Des membres défilent du coup pour le féliciter et des journalistes étrangers accourent des quatre coins de la salle pour découvrir ce nouveau venu dans la cour des grands. Hayatou et Blatter envoient des “émissaires” auprès du héros du jour pour lui glisser les félicitations. L'événement est de taille, pour la première fois de l'histoire du football national, si l'on excepte l'ère de la cooptation avec feu docteur Maouche, un Algérien est élu dans une structure exécutive continentale et de quelle manière SVP ! Sur son portable, des officiels algériens relèvent déjà l'immensité de l'exploit. L'homme à la démarche discrète mais ciblée a bien réussi son coup en raflant la mise dans une arène où beaucoup ont échoué par manque, surtout, de stratégie. Raouraoua, lui, en avait une et elle consistait, depuis quelques mois, à se rapprocher le plus possible des membres de l'AG et à tenter de les convaincre de la portée de son programme et de ses idées. “Au début, je ne connaissais pas le personnage, mais au fil des rencontres, j'ai découvert sa compétence ; c'est alors que j'ai plaidé sa cause”, nous confie le délégué du Madagascar. Un travail titanesque de coulisses En fait, le staff de Raouraoua s'est reposé, dans une première étape, sur des “ratisseurs larges” au sein de l'AG pour glaner le maximum de voix. Le Sénégalais Badara Séne ou encore le Malien Diakité ont énormément activé en coulisses pour “vendre” la candidature du boss de la FAF. Le président de l'Union des footballeurs africains, l'Algérien Mourad Mazar, a également tiré son épingle du jeu dans ce véritable travail de fourmi. La seconde étape concerne évidemment les alliances. À ce jeu, les Tunisiens, qui voulaient à tout prix placer Slim Chiboub à la FIFA (comité exécutif), avaient besoin de l'aide de l'Algérie dont le candidat M. Raouraoua était également candidat à la FIFA. Le deal est simple : “aide-moi pour la CAF, je t'aide pour la FIFA.” Raouraoua se retire des élections pour la FIFA, mais demeure en course pour la CAF. Il ramasse les voix de Chiboub, lui renvoie l'ascenseur et le tour est joué. Cependant, pour Raouraoua, “ce résultat est le fruit d'un effort collectif qui a commencé depuis longtemps et traduit la volonté de la FAF de favoriser le redéploiement de l'Algérie sur la scène internationale. C'est une réalisation dont le pays peut s'enorgueillir”. Il affirmera, à ce titre, que “cette élection assouvit largement ses ambitions” et a appelé les autres dirigeants du football algérien “à se préparer pour d'autres conquêtes pour en finir avec les années de léthargie et d'absence sur la scène internationale”. Raouraoua a même souhaité que cette “victoire serve d'apport psychologique pour l'EN” même s'il refuse encore une fois d'exiger des résultats aux Verts dans cette CAN. Blatter : “Je savais que Raouraoua allait passer” Dans une déclaration à Liberté, le président de la FIFA, M. Joseph Blatter, nous a confié que “l'élection de M. Raouraoua n'est pas une surprise. Je savais qu'il allait passer de part sa grande compétence”. Présent à cette AG, l'algérien Larfaoui, président de la Fédération internationale de natation (FINA) et de l'Union des fédérations sportives africaines, estime, quant à lui, que ce succès est surtout l'émanation du “gros travail effectué par Raouraoua et je pense même que sa personnalité a été déterminante quant à son choix par les membres de l'AG”. Larfaoui, pressé déjà à 18 mois du congrès de la FINA de se présenter à sa propre succession, estime qu'il est temps que le football algérien reprenne sa place dans le gotha continental. À noter enfin que pour ce qui concerne les élections de la présidence de la CAF, Issa Hayatou l'a remporté haut la main devant le candidat botswanais Bhamdji par 46 voix contre 6. S. B.