Le monde est fou ! Comme un aliéné en liberté et sans traitement, il est constamment en proie à des crises et à l'insécurité. Crise d'identité, de religion, économique, financière, de logement, insécurité de l'emploi, des biens et des personnes, criminalité, délinquance, pénuries... que de fléaux à endurer au quotidien. Mais, la crise de trop, celle qui pourrait faire déborder le vase, c'est l'alimentaire. Aujourd'hui, on parle de sécurité alimentaire, certes, mais ça commence toujours comme cela. Faire le Ramadhan, un mois, ça va... mais, au-delà... Attention ! Aujourd'hui, la crise prend ses quartiers partout dans le monde et compte s'installer pour longtemps. Elle n'est pas de passage, juste pour changer d'air. C'est ce que les spécialistes appellent une crise structurelle. Non seulement elle dure, mais l'on ne sait même pas comment l'arrêter. Il y a également la crise conjoncturelle. Celle qui, en principe, ne dépasse pas trois trimestres, selon les experts des crises en tout genre. Et puis, il y a les crises successives. On croit avoir sorti sa tête de l'eau, mais on replonge à chaque fois. Le moteur économique fait des ratés et s'obstine à redémarrer. L'argent, ce n'est pas tout ! En fait, la crise est souvent née du sentiment d'insécurité. Et vice-versa. C'est comme pour l'histoire de l'œuf et de la poule. Toutefois, la crise à l'algérienne, n'est pas un phénomène nouveau. On la côtoie au quotidien depuis 1962. Depuis que les décideurs avaient choisi d'instaurer le système socialiste où tout devient affaire d'Etat au service du monopole de l'Etat. Un système où l'acquisition de biens et produits est systématiquement soumis à votre rang et grade dans la hiérarchie sociale. Et si vous êtes un illustre inconnu, simple technocrate, rien n'est néanmoins perdu pour vous. Vous pouviez sans problème solliciter dans votre entourage, l'aide d'une “relation'', contre service en nature et plus si affinités. Finalement, pour nous, la crise, on en sait tout un chapitre. L'on devrait même en faire une niche économique à fructifier à l'international. Les pauvres, ils en souffrent et ne savent pas comment y faire face ! Aujourd'hui les débats s'articulent autour de la sécurité alimentaire. C'est exactement ce à quoi l'Algérien est confronté depuis plus d'un demi-siècle. À la seule différence qu'aujourd'hui, l'Algérie est un pays riche. Mais, au fond, qu'est-ce que cela peut changer, lorsque la mauvaise gestion des affaires, la bureaucratie, la corruption, le gaspillage, les subventions de l'Etat mal ciblées, la non-gouvernance... prédominent toujours. Voyez-vous, l'argent, ce n'est pas tout ! Tel que défini, le système de subvention de certains produits, dits de première nécessité, profite aux plus fortunés. Et, ce sont ces mêmes affairistes soutenus qui finiront par revendre ces mêmes produits, soit, transformés ou en l'état, et selon leurs propres règles du jeu, aux véritables démunis, supposés être aidés par le soutien des prix. Ces riches revendeurs et importateurs profitent ainsi, en amont et en aval de l'aide des pouvoirs publics. Comme avant, au temps du socialisme, officiellement, l'Etat œuvre pour le peuple ! Mais, en réalité, l'Etat continue à enrichir les spéculateurs au grand dam des citoyens à bas revenus ou sans ressource aucune, et au détriment également, d'irréductibles chefs d'entreprise, véritables créateurs d'emplois, en proie à un environnement économique hostile, vicieux et immoral. Tel que défini, le système de protection sociale profite à des personnes fortunées et aux contrebandiers. Aux premiers en transformant des matières premières acquises à des prix subventionnés, et aux contrebandiers en revendant ces produits en dehors de nos frontières. Entre ce que se partagent les uns et les autres, il ne doit pas rester grand-chose pour les ménages ciblés par l'aide. Même la Banque mondiale en appelle à un peu plus de rigueur dans la gestion des subventions détournées de leur cible. Les chefs d'entreprise à travers le FCE, idem. Ils attirent l'attention de qui de droit en mettant en avant mille et un arguments, contre un tel système inopérant, si ce n'est pour une minorité de nantis. D'ailleurs, on serait même amené à se poser des questions quant aux réelles intentions des responsables chargés de ce dossier, s'ils persistent encore dans ce sens. Etre ou paraître ? En plus de revoir cet inopérant concept d'aide sociale, c'est toute la politique de la solidarité nationale qui aurait besoin d'être reconsidérée. Avec un ministère aussi budgétivore, doté de plus de 154 milliards de dinars pour cette seule année, combien en resterait-il pour les véritables nécessiteux ? Sûrement pas grand-chose après tous les salaires et frais d'équipement et de fonctionnement, inhérents à un département ministériel pléthorique. 154 milliards, c'est grandiose pour les pauvres, mais à peine suffisants pour faire fonctionner un ministère. C'est ce qui s'appelle faire dans le paraître à défaut d'être ! Dans un pays “normal'' où une société civile est tolérée et participe aux affaires de la cité, il est nullement besoin d'avoir un ministre pour tout, ni de tout subventionner. Là aussi, il est juste question d'un pouvoir d'achat décent. Une paix sociale durable, ça ne s'achète pas à “coût'' de blé, auprès des riches et des contrebandiers... R. L. [email protected] Nom Adresse email