Résumé : Fouzia a perdu son oncle. Il était son unique famille. Elle n'a jamais eu une vraie relation avec ses cousins. Elle décide de parler du problème à l'épouse de son oncle. Elle se rend à Bab-El-Oued. El-hadja Zohra la reçoit chaleureusement. Elles s'installent dans le salon. Fouzia ne perd pas son temps et lui raconte... El-hadja l'a écoutée jusqu'au bout sans l'interrompre. Elle ne semble pas surprise. Toutefois, elle est déçue. Elle secoue la tête et dit : - Hamid est calculateur ! le notaire a dû lui dire que le studio est à son nom ! Il aurait pu attendre un peu... - Mon oncle, qu'il repose en paix, a toujours dit que le studio est à moi, lui rappelle Fouzia. - Peut-être ? Mais il ne l'a pas mis sur papier, alors ! rétorque la vieille en haussant les épaules. Si le notaire a certifié que le studio est à Hamid, c'est qu'il y a un acte de donation ! Ton oncle en a peut-être parlé mais s'il n'y a pas de papier, il ne t'y laissera pas vivre ! - Mais je n'ai pas où aller ! - Je t'aurais bien accueillie ma fille mais même cet appartement, je vais devoir le quitter ! Mohamed l'a hérité et il veut le mettre en vente ! - Et toi, où iras-tu ? s'inquiète Fouzia. - Je vivrais avec eux... - Tu penses pouvoir supporter ta belle-fille ? Ses manières ? - Ma fille, je n'ai pas le choix ! Je suis tout comme toi ! Je vais devoir faire mes valises, me séparer de choses et d'autres ! Je vais me séparer de mes amis ! Je n'aurais plus besoin de faire les achats, de dormir seule, en me demandant si je me réveillerais le lendemain ! Ma fille, je suis vieille et épuisée ! Je crois qu'Allah m'a envoyé un signe ! Mon fils n'a jamais voulu vivre avec moi ! Sa femme devait être d'accord, pour qu'il me le propose... en fait, je n'ai pas le choix, il ne me laisse pas le choix ! - Et si elle change et te fait des misères ? Comment feras-tu ? Où iras-tu ? - Ma fille, s'il devait y avoir des problèmes avec eux, Inch Allah que la mort viendra me soulager ! - On aurait pu vivre ensemble, murmure Fouzia. Mais dis-moi, as-tu des papiers de mon oncle en ta possession ? Peut-être qu'il a laissé un autre acte de donation ? - Tu crois ? Viens, allons dans ma chambre... La jeune fille suit sa tante, dans la chambre, située au fond du couloir. Elle pénètre dans la pièce recouverte de moquette beige. Un couvre-lit brodé à la main recouvre le grand lit. Sur un des coussins est posé le portrait de son défunt oncle. Elle est toute remuée de le voir sourire. Des larmes montent à ses yeux. Elle pleure sans s'en rendre compte. Comme il lui manque... - Prie pour qu'il repose en paix, ma fille ! dit el-hadja en remarquant qu'elle est bouleversée. Tu sais, j'ai vécu avec lui, plus de soixante ans... C'était un homme bon et prévenant, Allah Yarhmou ! Elle ouvre la garde-robe et en sort une valise diplomatique qui arrache un sourire à Fouzia. Celle-ci s'essuie les yeux, les joues. - Il faisait des affaires, remarque-t-elle. - Sa librairie lui rapportait beaucoup, se rappelle la vieille en l'ouvrant avec une petite clef qu'elle a sorti d'un portemonnaie gardé dans son bustier. Tiens, fouille et tente de trouver une preuve attestant que le studio est bien à toi ! Elle a tourné la valise vers Fouzia. Celle-ci s'est assise sur le bord du lit et elle vide la valise de son contenu. Essentiellement des papiers. El-hadja a tiré les rideaux pour laisser la lumière de d'extérieur pénétrer dans la pièce. Elle va s'asseoir en face de Fouzia. Elle la regarde lire les papiers un à un, les remettre dans la valise. - Rien d'intéressant ? lui demande-t-elle en la voyant secouer la tête. - Pour l'instant, je n'ai rien trouvé, répond la jeune fille. Juste des comptes rendus médicaux, des titres de propriété, des factures, des lettres d'amis... encore un compte rendu d'un spécialiste... un neurologue, un psychiatre... El-hadja se penche, n'en revenant pas. Son défunt mari n'a jamais consulté de psychiatre ! (À suivre) A. K. Nom Adresse email