Résumé : Fouzia n'en revient pas. Son cousin Hamid est passé lui apprendre qu'elle a un mois pour se trouver une location car il reprenait le studio dans lequel elle vit depuis des années. Recueillie par son oncle après la mort de ses parents lors du tremblement de terre d'El-Asnam, elle n'a manqué de rien. Elle regrette son défunt oncle qui a été un père pour elle. Elle sait qu'il n'aurait jamais approuvé... - La vie est injuste ! Il aurait pu s'en prendre à quelqu'un d'autre ! Il sait que je n'ai nulle part où aller ! Je n'ai plus de famille ! Fouzia réalise qu'en perdant son oncle, elle n'avait plus de famille. Ses cousins sont des étrangers pour elle. Ils ont bien leurs familles. Ils auraient pu être amis s'ils l'avaient voulu. Elle pense qu'ils l'ont toujours vue comme une intruse, même si elle n'a jamais eu à vivre chez eux.Fouzia prend sa veste et son trousseau de clefs. Elle décide d'aller voir sa tante, l'épouse du défunt. Elle se rend à Bab El-Oued où el hadja Zohra habitait un appartement situé au premier étage d'un vieil immeuble bien situé. Les arrêts de bus et de taxis sont à une vingtaine de mètres de son entrée. Le marché est à côté de chez elle. Elle s'y rend souvent pour faire ses achats, rencontrer les vieilles du quartier avec qui elle aime papoter de tout et de rien. Elle se plaignait souvent de ses enfants qui venaient rarement la voir et de ses belles-filles qui ne l'appelaient jamais pour prendre de ses nouvelles. Elle aurait voulu voir ses petits-enfants, les recevoir les week-ends. Mais ses belles-filles préféraient aller voir leurs familles. El hadja Zohra regrette de ne pas avoir eu de fille, persuadée que celle-ci aurait souvent pensé à elle et qu'elle lui aurait rendu visite chaque fois que le temps le lui aurait permis. - A chacun sa destinée ! Elle fait son ménage sans l'aide de personne et cuisine léger. Elle ne reçoit personne. Enfin, si... Quand Fouzia a le temps, elle lui rend visite. Si avant c'était uniquement pour prendre de ses nouvelles, cette fois c'est pour se confier à elle. Dès qu'elle sonne à la porte, elle doit patienter un peu avant de la voir s'ouvrir tout doucement. Un sourire vient éclairer le visage de la vieille tante dont le regard est brillant de joie. Elle la reçoit dans ses bras. - Aaslama benti ! Comment vas-tu ? - Bien, et toi ? - Grâce à Dieu je vais bien, répond el hadja en l'attendant dans le couloir. Tu as bonne mine, ma fille ! Fouzia retire ses chaussures et met des mules posées dans un meuble à chaussures près de l'entrée. Elle enlève sa veste et l'accroche au porte-manteau avant de la rejoindre dans le salon. - Je m'excuse, dit-elle, je suis venue les mains vides ! Je ne me suis pas arrêtée en route... - Tu auras d'autres occasions de me gâter, répond el hadja. Alors... raconte-moi ! Comment vas-tu ? Qu'as-tu fait cette semaine ? As-tu rencontré quelqu'un ? Fouzia rit doucement, nullement choquée par ses questions. El hadja a l'habitude de l'interroger sur tout. En fait, elles se sont toujours bien entendues. La vieille a tenté de la marier à un cousin éloigné mais Fouzia avait refusé. Elle le lui avait présenté mais le courant n'est pas passé entre eux. - Non, répond-elle. Personne ne m'a regardée ! Je n'intéresse personne ! Ils (les hommes) passent sans me voir ! - Dommage ! Mais je ne comprends pas pourquoi et comment ils peuvent passer devant une belle fille comme toi et ne pas s'arrêter ? Fouzia sourit et la rassure, posant sa main sur la sienne. - Je l'ignore ma tante, répond-elle en soupirant. En fait, je n'y pense pas ! Je me dis que mon destin m'attend quelque part et qu'on se rencontrera un jour ! - Inch Allah ! Dis, que veux-tu prendre, du café, du thé? Fouzia la retient quand elle s'apprête à se lever. - Non, je ne peux rien prendre, lui dit-elle. Je suis venue te parler, ma tante ! Il y a un peu plus d'une heure, Hamid est venu me voir... (À suivre) A. K. Nom Adresse email