Mis à part les affaires criminelles ajournées d'office car ne pouvant être ouvertes sans la présence des robes noires, le reste des audiences enrôlées au niveau des autres chambres se sont, soit déroulées sans la défense, soit reportées à la demande des parties concernées. Ambiance très particulière, hier, au niveau de la cour d'Alger au Ruisseau qui s'est pratiquement vidée de ses robes noires. Une fois n'est pas coutume, les avocats ne se sont pas bousculés aux différentes salles d'audience pour arriver à l'heure ! En fait, nombreux sont ceux qui n'y ont même pas mis les pieds et repartis après une brève discussion avec leurs clients sur le perron de la cour. De toutes les façons, d'autres audiences les attendaient au niveau des différents tribunaux où l'activité judiciaire s'est déroulée le plus normalement. En effet, la journée de protestation décidée par l'Ordre des avocats n'a touché que la cour d'Alger. Celle-ci a fonctionné, hier, au ralenti et loin de toute pression et cacophonie quotidienne. Des instructions ont été données pour qu'un service minimum soit assuré. Autrement dit, nous explique-t-on au barreau d'Alger, “il est vrai que les avocats doivent se soumettre à la décision du Conseil de l'Ordre de boycotter les audiences de toutes les chambres mais en restant professionnels et soucieux des droits des justiciables. Les procédures judiciaires, qui ne peuvent être reportées notamment les derniers délais pour le dépôt de demandes de pourvoi en cassation, d'appel ou d'enrôlement d'une affaire... n'étaient pas touchées par le boycott". Mis à part les affaires criminelles ajournées d'office car ne pouvant être ouvertes sans la présence des robes noires, le reste des audiences enrôlées au niveau des autres chambres se sont, soit déroulées sans la défense, soit reportées à la demande des parties concernées qui exigeaient la présence de leurs avocats. Des membres du conseil, à leur tête le bâtonnier, ont rencontré, hier, le procureur général et le président de la cour “pour l'informer des motifs de la décision de boycott prise par le barreau d'Alger, samedi dernier et demandé le report des audiences programmées". Selon des sources du barreau, “des assurances ont été données pour ce qui est de l'ajournement des affaires mais le problème soulevé a été minimisé". Les robes noires évoquent, pourtant, “de graves dérives et dépassements qui portent atteinte non seulement à la défense mais surtout aux droits des justiciables". L'Ordre des avocats d'Alger révèle que “d'innombrables rapports sur les dépassements de certains magistrats sont déposés par les avocats". Mais ce qui a fait déborder le vase et pousser la défense à tirer la sonnette d'alarme, c'est le fait que même le bâtonnier ne soit pas épargné par l'humiliation (allusion à la récente prise de bec entre maître Sillini et un magistrat en plein procès). Les dérives qui provoquent l'ire de la défense sont multiples et cela va du refus à la défense de poser des questions pendant l'audience, aux commentaires déplacés, en passant par la demande de raccourcir la plaidoirie en coupant carrément la parole à l'avocat et en fixant dès le début de l'audience l'heure de sa clôture pour qu'elle ait lieu dans la précipitation. “En un mot, certains magistrats veulent faire de la défense une simple mission pour la forme", estiment les robes noires, qui comptent redonner à la profession tous ses titres de noblesse. Une AG extraordinaire est prévue mercredi pour décider de la suite de la protestation. M B Nom Adresse email