L'Algérie à deux vitesses Les jeunes du Sud ont interpellé la Commission nationale de promotion des droits de l'Homme sur les difficultés d'accès à l'emploi. À égalité en termes de qualification ou de diplôme, Sonatrach et ses filiales préfèrent les offres des primos demandeurs du Nord, soutiennent-ils. Le népotisme ou le piston règne en maître en matière de recrutement en Algérie. Faute d'appuis, le désarroi d'une masse de jeunes diplômés en quête inlassable d'un emploi devenu une chimère est immense, sans que cela suscite une quelque empathie des pouvoirs publics. Tous ces jeunes remettent en cause les politiques de recrutement de l'administration ainsi que des grandes entreprises publiques. L'accès à l'emploi est devenu une rente. Pis, il s'est transformé en esclavagisme au Sud, sans que les responsables de cette “traite" qui ne dit pas son nom soient démasqués. Cette situation renvoie de manière générale aux politiques des ressources humaines. Seules les multinationales et quelques sociétés privées se distinguent en Algérie par leur gestion du capital humain : salaires plus élevés, avantages multiples et évolution dans la carrière. Tout cela pour un seul objectif : la performance. Une notion perdue dans la Fonction publique et le secteur productif. C'est pourquoi une grande partie des jeunes diplômés aspire à un recrutement dans ces sociétés. Le sondage que nous publions dans ce supplément le démontre clairement. Résultat : on assiste à une Algérie à deux vitesses. Une classe moyenne supérieure où se retrouvent en particulier les cadres algériens des sociétés étrangères et des grandes entreprises privées, une classe moyenne inférieure qui s'élargit au point de constituer la plus forte armée de cadres malheureusement en quête de survie, en raison d'un salaire de misère. Puis cette masse de jeunes chômeurs sans emploi qui demandent leur part du gâteau, outrés par cette grande corruption à Sonatrach où sont cités de grands pontes du régime. Ce ras-le-bol des jeunes face à cette injustice sociale risque de mettre l'Algérie en flammes, d'ébranler l'ordre établi. C'est pourquoi la panique commence à gagner les différents lobbies, gardiens du système rentier en Algérie. K. R. Nom Adresse email