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Azad 46e partie
Publié dans Liberté le 24 - 04 - 2013

Résumé : Hadjira raconte sa vie. Le passé douloureux ressurgissait à travers ses paroles... Elle dévoile à Azad qu'elle s'était mariée à un homme qu'elle pensait aimer, et que ce dernier avait changé d'attitude envers elle dès qu'elle lui a appris qu'elle était enceinte. Il ne trouvera rien d'autre à lui proposer que de se faire avorter par une ancienne infirmière de sa connaissance.
- J'en fus atterrée... Quoi ? Un avortement ? Avais-je bien entendu ? Je m'attendais à tout, sauf à ça !
Mon mari passe une nuit agitée, et aux premières lueurs de l'aube, il me réveille pour me sommer de m'habiller et de le suivre. Je tente de résister, mais il me tire par les cheveux et me pousse devant lui :
- Tu feras ce que je te dirais, c'est moi qui décide. Je n'ai pas à te demander conseil. Tu vas avorter, et dans l'immédiat.
Je me mets à pleurer et le menace d'appeler mes parents. Il me rit au nez tout en me rappelant que j'avais volontairement quitté le toit paternel et couru après lui. Que j'avais moi-même planifié notre mariage, et que maintenant j'étais à sa merci.
Je n'en revenais pas... ! Qu'ai-je fais de ma vie ? J'ai sacrifié mes parents et ma famille pour cet homme qui s'avère finalement faux et hypocrite.
Pourquoi ? Pour quelle raison donc m'avait-il épousée ? Pourquoi insistait-il pour me faire avorter ? Que se cache-t-il derrière toute cette tragédie ?
Nous étions dans la rue, et il me tenait fermement le bras, tel un animal mal apprivoisé qu'on tente de dompter.
J'avais mal, et très froid, car j'étais à peine habillée. Ma chemise de nuit collait à mon corps, et le manteau que j'avais hâtivement jeté sur mes épaules ne suffisait pas à me réchauffer.
Nous arrivons devant un immeuble qui se trouvait à trois quartiers du nôtre. Mon mari, qui semblait bien connaître les lieux, m'entraîne à l'intérieur de la cage d'escalier et me pousse vers une porte du rez-de-chaussée, avant d'appuyer sur la sonnette.
Une minute plus tard, une femme, qui venait vraisemblablement d'être tirée de son sommeil, entrouvrit la porte et nous regarde quelques secondes avant de lancer :
- Encore une autre ?
Mon mari ébauche un sourire
mauvais :
- Oui... Elle n'est ni la première ni la dernière. Je crois que tu en connais les raisons aussi bien que moi ?
Elle hoche la tête et ouvrit la porte toute grande. Mon mari, qui me tenait toujours par le bras, me pousse d'un coup de pied à l'intérieur de l'appartement avant d'ouvrir la porte d'une chambre et de me jeter sur un lit :
- Tu vas suivre à la lettre les instructions qu'on te donnera, n'est-ce pas ? Sinon...
Il brandit son poing et sorti de la pièce en maugréant.
La femme revint. Elle avait enfilé une blouse blanche, et tenait une grande trousse dans ses bras :
- Je ne suis pas d'humeur à procéder à un avortement aujourd'hui... J'ai passé une nuit d'enfer avec mes rhumatismes, dit-elle, mais comme ton bonhomme paye bien...
Elle fait claquer sa langue :
- Allons-y chère petite dame... Je vais te débarrasser de ton indésirable fardeau en quelques minutes. Allez, déshabille-toi.
Je serre mon manteau contre mon corps, et tente de ramener mes jambes vers moi. Mais elle m'écarte les mains et m'enlève le manteau, avant de me tapoter la joue :
- Là... On reste sage, et tout se passera bien... Tu l'as bien entendu. Tu ne seras ni la première ni la dernière.
Malgré ma frayeur, je tente de garder mon sang-froid. Non... Je suis en train de faire un cauchemar, ne cessais-je de me répéter.
La femme avait préparé une seringue et imbibé un coton d'alcool. Elle m'ordonne de soulever la manche de ma chemise de nuit :
- Je vais t'injecter quelque chose qui te permettra de tenir le coup.
Je me retire tout au fond du lit en tentant de me protéger avec un oreiller. Mais elle m'arrache brutalement le coussin d'un geste brusque et le jette par terre :
- Pas de chichi avec moi. Je n'aime pas utiliser la force. Mais si tu ne te tiens pas tranquille, je serais obligée de te ligoter.
- Je ne veux pas avorter, me suis-je mise à crier. Non... Je ne veux pas avorter, c'est illégal. Je veux garder l'enfant. C'est mon bébé.
- Ah... Ah... Ah... Elles disent toutes ça ! Mais ma chère, si tu as consenti à vivre avec ce bougre, il fallait t'attendre à “l'illégal" puisqu'il ne vit que de ça.
- Hein... ?
- Comment ? Tu ne le sais donc pas ?
- Non... Je... je suis mariée religieusement...
Il est venu demander ma main officiellement à mes parents et...
- Oui. Je connais la chanson...
Elle hoche la tête et tente encore de prendre mon bras pour me piquer. Je retins sa main :
- Quelle chanson ? Je ne sais pas ce qui se trame, mais...
Elle m'interrompt d'un geste brusque :
- Allez, finissons-en, je n'ai pas l'intention de passer la journée à te supplier, laisse-moi t'administrer cette injection, et ôte ce chiffon que tu portes.
Je ne sais comment j'ai pu sauter au bas du lit, courir vers la porte et sortir dans le couloir, avant de m'engouffrer dans une chambre dans laquelle je m'enferme à clé.
Etant donné qu'on se trouvait au rez-de-chaussée, je n'eus aucun mal à repérer une fenêtre et à l'ouvrir. J'entendais les cris de la femme qui frappait la porte de ses poings...
Je saute alors par la fenêtre et me retrouve dans la rue.
(À suivre)
Y. H.
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