Sur des airs de précampagne, cheikh Oumar Diarrah, président du Parti du rassemblement du Mali, a achevé sa mission à Alger avec une conférence de presse où il a donné sa vision de la situation dans son pays et surtout les défis auxquels il fait face. Le plus grand défi, selon lui, est dans la refondation de l'Etat et de ses institutions, fragiles depuis 1968, date du premier coup d'Etat, qui se sont effondrées, il y a une année. Cette “mission" intervient à la veille d'une importante échéance pour le pays, l'élection présidentielle prévue au mois de juillet, mais à condition que se stabilise le Nord. Quant à l'objet de sa visite en Algérie, l'ancien conseiller du président Ibrahim Aboubacar Keita, a déclaré qu'il s'agit d'éclaircir la situation du pays où il y a des zones d'ombre depuis un an et une méconnaissance de la réalité du pays. D'où, selon lui, l'utilité de ces échanges car “nous sommes une communauté de destin", a-t-il souligné. Il a estimé par ailleurs que les positions adoptées par “ses" interlocuteurs algériens, société civile, chefs de parti et parlementaires, sont “correctes". Même s'il dénonce le coup d'Etat du 22 mars, il a affirmé qu'il a permis de mettre fin au processus “de dégradation institutionnelle" et que s'il y avait dans ces conditions des élections, elles conduiraient au chaos. Il a considéré que le coup d'Etat était une mutinerie. Les mutins, sous la conduite du capitaine Sanogo, voulaient aller à la télévision et transmettre un message. “C'est ATT (le président déchu) qui a fui ses responsabilités", a-t-il dit. L'implication de la Cédéao a compliqué davantage les choses en mettant en place un exécutif à trois têtes et en s'imposant aux autorités de transition. Il a par ailleurs refusé de commenter la décision du Parlement français de prolonger l'opération Serval. “C'est un problème français", dit-il. Même chose pour l'opération en elle-même. Aucun chiffre, aucune image et aucun commentaire. “L'opération est conduite entièrement par la France", s'est-il contenté de dire tout en regrettant l'absence de l'armée malienne dans le Nord. Mais cela se comprend puisqu'il n'y a jamais eu de véritable armée au Mali où chaque groupe joue pour ses intérêts avec en prime la hantise des coups d'Etat. Raison pour laquelle il appelle à la reconstruction de toutes les institutions du pays, dont l'armée. Tout en appelant au dialogue entre tous les Maliens, il a réitéré son appel au MNLA à renoncer à l'indépendance du Nord et à déposer les armes. Il a tenu surtout à réduire ce groupe à une poignée non représentative de la communauté du Nord. “C'est un groupe artificiel", dit-il arguant que s'il avait un ancrage, il n'irait pas annoncer l'indépendance de la région sur une chaîne étrangère. Il a déploré que “ce phénomène" soit grossi à cette dimension qu'il n'a pas. Mais, il a estimé que les concertations entre tous les Maliens est incontournable. À condition que les groupes armés du Nord renoncent à l'indépendance, déposent les armes et prennent leur distance vis-à-vis des groupes terroristes. Ce dialogue peut se tenir avant ou après les élections. Encore faut-il aussi que “le Mali sorte de cette transition chaotique où les responsables ne peuvent prendre aucune décision majeure parce qu'ils n'ont aucune légitimité", a-t-il précisé. Il attend également beaucoup de l'Algérie, pays avec lequel il espère lier une relation plus approfondie et une alliance stratégique. Tout un programme d'un candidat (non encore déclaré) à l'élection de juillet. D B Nom Adresse email