Un malaise pesant règne sur la scène politique nationale. La tension est si perceptible que ses effets paralysent des activités qui, hier considérées comme normales, semblent désormais difficiles à assumer car sujettes à interprétations, comme frappées de tabou. Le silence pesant actuel, prélude à une annonce qui se fait attendre, risque encore de durer car les nombreuses affaires de corruption qui ont éclaté ces derniers mois lestent encore plus cette atmosphère à couper au couteau, induisant un suspense digne d'Hitchcock. Ces présidentielles à l'horizon, sur lesquelles les éventuels concernés restent muets, se contentant de les vivre de manière latente, semblent constituer la cause principale de cette morosité intenable. Le locataire d'El-Mouradia refusant toujours de livrer ses intentions, ses adversaires potentiels en sont réduits à attendre, attendre. Car ils savent que l'issue de l'élection risque fort de dépendre d'un seul facteur : la présence ou l'absence de Bouteflika de la course. On se suffira donc de connaître la date approximative du scrutin mais pas encore les partants, encore moins les conditions de sa tenue. Nous sommes bien loin de 1999 où l'on connaissait, des mois auparavant, le nom du “candidat du consensus". Depuis, le discours du chef s'est éteint. C'est l'âge de l'automne du patriarche. Les absences du Président alimentent les discussions, débordent sur les réseaux sociaux dont les choux gras restent ces affaires de corruption qui s'étalent les unes après les autres dans les colonnes de la presse, et qui sont présentées comme des indices à même de résumer le bilan du premier magistrat du pays au terme de son troisième mandat. Une gestion du pays, quatorze ans durant, une équipe “de choc" réunie pour concrétiser les promesses de la première campagne dont les axes principaux portaient sur la refondation de l'Etat, la réforme de la justice et celle de l'école. Des terrains à ce jour peu défrichés, encore moins semés. “Les hommes d'Etat" que Bouteflika avait choisis ont failli avant de s'éclipser, lui léguant un bilan peu reluisant. Mis en retrait ou remerciés, le fait est qu'ils portent une responsabilité quant à ce bilan qui reste, toutefois, celui du Président. O A [email protected] Nom Adresse email