De ces élections législatives qui ont fait couler beaucoup d'encre et dont le Président a fait presque une affaire personnelle par son implication directe, il y a au moins deux enseignements à tirer. Le premier qui saute aux yeux, c'est cette exception algérienne qui n'a rien à voir avec les lectures et les spéculations relatives au monde arabe et les révolutions qui ont traversé ces pays. Les chiffres le confirment. Le déluge islamiste n'est pas à nos portes et l'épouvantail, loin derrière, n'est plus qu'un mauvais souvenir. Les citoyens, plus matures qu'on ne le pense, ont fait le choix qu'ils pensent être le plus juste et le plus logique : installer le pays dans la stabilité et la normalité. Les fanfaronnades et les menaces des islamistes n'ont plus de prise au sein de la société et de la jeunesse particulièrement. Le second et non le moins important est le taux de participation, somme toute correct, pour ce type de rendez-vous électoral. Profitant du côté sentimental de l'Algérien, le Président y est pour beaucoup. Mais cet appel entendu a un prix, c'est celui du changement promis et du passage des relais maintenant car l'avenir se conjugue au présent. Même si la Constitution le conforte encore dans des prérogatives exorbitantes, Bouteflika est tenu de procéder le plus vite possible à des changements, à commencer par l'Exécutif, comme preuve de sa volonté à commencer à passer la main, en attendant le gouvernail. Et c'est là qu'il est attendu par tous ceux qui croient en une nouvelle amorce, dynamique de changement. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, aussi bien les votants que les abstentionnistes (l'abstention étant une position politique), c'est-à-dire tous les citoyens en âge de voter attendent ce changement que le Président est acculé à mettre en branle sérieusement s'il ne veut pas que sa crédibilité s'effrite au terme de trois mandats dont le dernier était de trop. Pour cela, le Président ne doit pas écouter le chant des sirènes de son clan et des différents lobbies qui essaieront de le réconforter sur son envergure et l'emprisonner dans la camisole FLN-RND et lui faire prendre le chemin facile de la continuité d'avant. Des gestes forts sont attendus comme le renouvellement du personnel politique, l'ouverture de l'audiovisuel, l'encouragement aux initiatives créatrices de richesse et d'emploi, lutte réelle contre la corruption et redonner à l'Etat sa mission de contrôle et de régulateur et non le maintenir dans la gestion… des hôtels et des briqueteries. O. A. [email protected]