Le président français est soulagé : l'ONU va décharger sa maigre trésorerie en prenant le relais des forces françaises dans le Nord-Mali. La résolution — mise au point par la France — a été adoptée à l'unanimité par le Conseil de sécurité de l'Organisation des Nations unies jeudi, ouvrant la voie au déploiement de douze mille six cents Casques bleus au Mali dès le 1er juillet. Satisfait, le locataire de l'Elysée a dépêché son ministre de la guerre, Jean-Yves Le Drian, au Mali, Niger et Tchad pour préparer le retrait français qui n'en sera pas un dans les faits. En effet, le ministre est missionné pour faire accomplir le dernier chapitre de la feuille de route française pour le Mali, transformé en épicentre du Sahara sahélien. Yves Le Drian prépare l'après-guerre à l'issue des opérations militaires qui ont permis de démanteler les réseaux djihadistes qui occupaient le nord du Mali, mais qui ont gardé des capacités de nuisance. La France feint d'ignorer la complexité du problème rendue plus inextricable depuis le coup d'Etat de la junte dirigée par un capitaine, Sanogo, contre le président ATT. Une confusion qui a favorisé la proclamation de l'Etat Azawad par des indépendantistes touareg sous la bannière du MNLA, lesquels, à leur tour, avaient été chassés en juin 2012 par les djihadistes qui les ont remplacés jusqu'en avril 2013, lorsque les forces françaises ont achevé la reconquête d'Adrar des Ifoghas, aux frontières algériennes et nigériennes. Les Touaregs ont entre-temps changé de position, en s'engageant eux aussi dans la lutte contre les repaires djihadistes. D'ailleurs, sans leur collaboration, les forces spéciales françaises n'auraient pas connu le succès qui leur est attribué. Paris, qui insiste pour qu'une élection présidentielle ait lieu en juillet au Mali, exerce la pression sur les autorités de Bamako afin qu'elles s'engagent résolument dans la restauration du processus démocratique. À Gao, plus grande ville du nord du Mali où il était hier, Yves Le Drian a réuni les opérationnels de l'intervention française pour peaufiner le passage de relais des forces françaises aux Casques bleus de la Minusma (Mission intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali), qui va absorber la force de la Misma qui n'a pas vu le jour malgré les gesticulations de la Cédéao. La Minusma comprendra au maximum 11 200 soldats et 1 440 policiers, dont des bataillons de réserve capables de se déployer rapidement. Elle n'aura pas pour mission la lutte antiterroriste, mais devra stabiliser les centres urbains essentiels, particulièrement dans le Nord, et empêcher un retour d'éléments armés dans ces zones. Les Casques bleus devront aussi protéger les civils, le patrimoine culturel et contrôler le respect des droits de l'Homme. Ils aideront également les autorités maliennes à instaurer un dialogue politique national, à organiser des élections libres, équitables et transparentes, et à promouvoir la réconciliation avec les Touaregs du Nord : tout un programme. Un représentant spécial de l'ONU pour le Mali sera nommé pour diriger la Minusma. D. B Nom Adresse email