Pour l'Intersyndicale de la santé, l'attitude du gouvernement et de la tutelle par rapport aux problèmes du secteur démontre que “la santé des citoyens est loin d'être leur première priorité". Le secteur de la santé publique plonge à partir d'aujourd'hui et pour toute la semaine dans un coma profond. Le malaise, qui ronge le secteur, s'est tellement aggravé qu'il a fini par contaminer les différents personnels qui, comme par hasard, ont opté pour le même traitement de choc et pour la même période. La protestation, devenue l'ultime recours de tous les travailleurs pour se faire entendre, paralysera encore une fois tous les établissements de santé publique du territoire national. Ce n'est pas une première certes, mais le fait nouveau, qui témoigne si besoin est de la situation dramatique du secteur, est que la contestation émane cette fois-ci de tous les personnels de la santé publique. Différents syndicats, outre l'Intersyndicale de la santé, et travailleurs, tous corps confondus, montent au créneau à partir d'aujourd'hui pour les uns et à compter de demain pour les autres. Ceci, sans oublier les paramédicaux qui poursuivent encore leur débrayage illimité lancé le 29 avril dernier, à l'appel de leur syndicat le SAP. Les corps communs et les ouvriers professionnels, affiliés à l'UGTA, reconduisent, de leur côté, leur mouvement de grève cyclique dès ce matin et pour quatre jours. Un sit-in est prévu à partir de 11 heures au CHU Mustapha-Pacha d'Alger. Déjà à eux seuls, ces contestataires ont réussi, lors de leurs précédents débrayages, à paralyser à 100% les hôpitaux et autres établissements de santé publique de la capitale. La protestation s'élargira encore dès lundi avec la grève de quatre jours de la Fédération nationale des personnels de la santé affiliée au Snapap-Malaoui. Un syndicat constitué notamment de corps communs, ouvriers professionnels et de paramédicaux qui sont conviés à marquer le dernier jour de la grève (le 9 mai) par un rassemblement devant le siège de la tutelle. Et d'avertir que “l'option du durcissement par tous les moyens légaux n'est pas à écarter en vue de dénoncer le non-respect du PV signé entre les deux parties le 19 décembre 2012 et l'attitude de la tutelle qui refuse d'ouvrir le dialogue alors que la situation socioprofessionnelle et le pouvoir d'achat des travailleurs se dégradent de jour en jour". Le pic de la contestation sera atteint avec le débrayage de trois jours, à compter de demain, de l'Intersyndicale de la santé composée de quatre syndicats représentant les praticiens généralistes, dentistes et pharmaciens (SNPSP), les spécialistes (SNPSSP), les psychologues (Snapsy) et les professeurs d'enseignement paramédical (SNPEPM). L'ISPS prévoit, lui aussi, de faire le pied de grue devant le siège du département de Ziari, mercredi prochain. “Le professeur Ziari n'a rien apporté de plus au secteur !" La protestation cyclique, qui date de plusieurs années déjà, est l'une des contraintes venue se greffer aux innombrables maux de la santé publique. Le défilé des ministres (dont des détenteurs de doctorat en médecine) à la tête du secteur est loin d'être bénéfique pour la santé publique. Bien au contraire, estime l'Intersyndicale de la santé. “Le professeur Ziari n'a rien apporté de plus au secteur de la santé. Nous sommes dans la même situation qu'avant, dans le même système et la même fuite en avant", fulmine Khaled Keddad, président du Snapsy, lors d'un point de presse tenu hier par l'ISPS au siège du SNPSSP. Et de poursuivre : “Les gouvernements changent et les politiques restent les mêmes. Nous l'avons attendu pendant huit mois. Des instructions lui ont été données par le Premier ministre pour régler les problèmes, mais rien à ce jour. Il n'a pas su profiter de notre sagesse et notre confiance. Huit mois après, aucune réponse si ce n'est des ponctions sur salaires et un communiqué via la presse. Nous n'avons d'autres choix que de relancer la protestation." Abondant dans le même sens, le président du SNPSP s'interroge sur la politique de deux poids, deux mesures du gouvernement. Les mêmes doléances que ceux de la santé sont soulevées et réglées pour le secteur de l'éducation nationale, mais pas pour celui de la santé, fera remarquer le docteur Merabet. Et de préciser que de toute façon, “la paralysie de la santé publique n'influe pas sur la prise en charge des malades car même en temps normal, le secteur fonctionne au minimum". Keddad se rappellera de ce que l'ancien ministre de la Santé lui a confié lorsqu'il était en poste pour expliquer pourquoi le forcing des syndicats de l'éducation aboutit. “Eux, ils prennent en otage l'élève, mais les syndicats de la santé prenne en otage le malade !" Et la tutelle ne s'en soucie point. “La santé n'est pas la priorité du gouvernement !" “La santé publique est loin d'être la priorité du gouvernement et de la tutelle." C'est la lecture faite par l'ISPS. “Aucune réaction aux grèves annoncées, même quand elles sont de longue durée. La réponse de la tutelle est claire, non pas vis-à-vis des partenaires sociaux, mais aussi des citoyens algériens", estime le président du SNPSSP. Et de poursuivre : “C'est de la provocation !" Keddad fera remarquer à ce propos que “la maladie du Président contraint d'aller se faire se soigner en France par manque de moyens a levé le voile sur la situation du secteur. Lui au moins a pu se permettre ce luxe inaccessible pour le simple citoyen." Et les partis politiques dans toute cette tension ? “C'est à eux de venir vers nous. C'est à eux de régler les problèmes de ceux qui les ont élus. Mais il faudrait attendre la prochaine campagne électorale pour les trouver", estiment les différents intervenants. Reste à savoir si ce mécontentement généralisé fera bouger Ziari, “apparemment trop occupé par la crise que traverse le FLN et non par les tensions de son secteur". M B Nom Adresse email