Résumé : Engagé dans sa conversation au sujet de sa fille, le père de Hadjira ira jusqu'à dévoiler à Azad le refus de sa fille pour le mariage. Azad tente de réctifier le tir, en stipulant que la jeune fille avait le droit de choisir son prétendant. Révolus sont les temps où on mariait les enfants contre leur gré. Nos ancêtres avaient tellement souffert de cette situation qu'il ne faudrait surtout pas refaire leurs erreurs. Azad sourit : - Une bonne leçon de morale pour l'actuelle génération. Fayçal pousse un soupir : - Les gens deviennent matérialistes de nos jours. Malgré l'évolution des mœurs et une certaine liberté d'esprit, on ne pourrait atteindre un certain bonheur, si on se mettait à calculer ou à chercher à idéaliser une existence de faste et de luxe. Les sentiments n'ont plus de place dans de tels cas, et les gens se rendent compte, avec beaucoup de retard, que le bonheur aurait pu être à leur portée s'ils avaient su le saisir au bon moment. Hadjira lance alors d'une voix calme : - Mes parents pensent que les gens qui vivent à l'abri du besoin sont les plus aptes à réussir leur mariage. Son père hoche la tête : - Oui, en quelque sorte. Car ils assurent une vie décente à leur famille, et ne raclent pas les fonds de leur bourse à chaque occasion pour joindre les bouts et se permettre quelques extravagances. Azad toussote avant de répondre : - Excusez-moi, mais je ne partage pas votre avis là-dessus. L'argent fait le bonheur peut-être, mais parfois il provoque des “malédictions". Un homme riche n'est pas forcément un bon parti. Je préfèrerais plutôt un homme cultivé, intelligent, qui se suffise à lui-même. Peut-être qu'il n'aura pas le loisir de faire des “extravagances" mais il sera heureux de retrouver chaque soir sa petite famille réunie autour de lui, et un foyer chaud où il se sentira à l'aise. C'est ça le bonheur. Et je crois que vous en êtes l'exemple le plus concret. Fayçal lève sa main : - Grâce à Dieu, nous sommes loin d'être riches, mais nous menons une vie paisible et assez heureuse. Il se retourne vers son père et ajoute : - Pourtant, tu nous a appris à nous contenter de peu. - Oui mon fils, mais je voulais le meilleur pour vous. - Le meilleur, nous l'avons atteint. Nous sommes mariés, pères de famille et heureux de vous avoir auprès de nous. - Je n'en disconviens pas. Cependant, votre sœur n'est pas du même avis. - Pourquoi donc ? s'écrie Hadjira touchée. - Parce que tu ne veux pas m'écouter et te marier... Le prétendant que je t'ai choisi est quelqu'un de bien, de correct et d'aisé. - Il a aussi le double de mon âge, est illettré, et a déjà été marié et... Son père lève une main : - Toi aussi tu as été mariée. Tu avais refusé de nous écouter, et tu as eu une bonne leçon... Mais je crois que cela ne t'a pas servi dans la vie. Hadjira baisse la tête. Azad avait eu le temps de remarquer les larmes dans ses yeux, et cela avait suffit pour le troubler. Il regarde alors le père de Hadjira et lance : - Et... et si c'est moi qui demande la main de votre fille, me l'accorderiez-vous ? Surprise, Hadjira relève vivement sa tête et regarde Azad, avant de se retourner vers son père. Pris au dépourvu, le vieil homme demeure muet de stupeur, tandis que Katia et le reste de la famille attendaient la suite de cette proposition impromptue. Le silence règne un long moment avant que le père de Hadjira ne l'interrompt : - C'est... c'est un honneur pour nous que cette demande mon fils. Mais... mais une telle décision ne se prend pas à la légère... Vous n'avez sûrement pas réfléchi ni préparé votre famille. Vous avez juste voulu calmer les esprits et... Azad lève une main : - J'ai longtemps réfléchi, bien au contraire. Lorsque j'ai rencontré Hadjira, j'ai tout de suite compris qu'elle était la femme de ma vie. Bien sûr, elle ne me connaissait pas. C'était juste la voisine rencontrée au gré du hasard dans l'ascenseur, puis j'ai appris par Katia qu'elle était aussi son enseignante. Pour être plus direct, Hadjira était venue me voir pour une consultation. Elle voulait “déverser" son trop-plein et récupérer sa confiance perdue. Un psychologue pouvait la comprendre, et elle n'avait pas hésité à venir dans mon cabinet pour me raconter son passé. Oui... je connais toute son histoire... Elle ne m'a rien caché. Je savais que cette femme portait quelque chose en elle, quelque chose qui la torturait et qu'elle n'arrivait pas à extérioriser. Ce que je ne savais pas par contre, c'est que j'étais épris d'elle. Oui... je ne m'en suis rendu compte que lorsqu'elle m'avait parlé de ce mariage que vous avez prévu pour elle. C'est ce jour-là que j'avais pris la décision de faire quelque chose... Je voulais tout d'abord me rapprocher de vous. (À suivre) Y. H. Nom Adresse email