RESUMé : Fouzia a refusé de le revoir. Elle a envie d'être seule. Quand elle quitte le bureau, elle ne rentre pas chez elle. Elle passe dans plusieurs agences immobilières. Elle ne trouve rien d'intéressant. Elle rentre chez elle. Elle pleure sa malchance. Elle reçoit un appel de Youcef qui lui confie son départ prochainement. Il lui propose d'occuper son appartement mais elle refuse. Elle ne veut pas de sa pitié... Chaque soir, Fouzia effectue des tris dans ses affaires. Elle met de côté les vêtements qu'elle offrira aux nécessiteux. Pour la vente des meubles qui sont dans un excellent état, elle a demandé à sa voisine de palier de faire circuler les photos qu'elle a prises. Dans sa tête, elle est prête à partir. Elle n'a plus sa place dans le studio. Elle regrette de s'y être installée, d'avoir déboursé jusqu'au dernier douro. Elle a manqué d'audace. Si elle avait demandé à son oncle de lui remettre l'acte de propriété, elle ne serait pas dans cette situation. Elle aurait soit eu le document ou aurait su qu'elle n'était là que provisoirement. Elle ne serait pas là à se demander si son cousin a influencé son père ou non. Mais Youcef a été catégorique. Les documents sont authentiques et la justice se rangerait du côté de son cousin. Il pourra même l'expulser du logement. Elle ne veut pas en arriver là. Elle n'en a pas la force. Le peu qui lui en reste, elle le garde pour son départ. Elle avait trouvé plusieurs pensions au centre-ville et à Kouba. Elle passera les visiter en fin de semaine. Entre-temps, elle se consacre au rangement. Elle a apporté des cartons. C'est difficile de se séparer de choses auxquelles elle tient. Ce lustre qu'elle a acheté sur un coup de cœur, des bibelots, ces grands tableaux qu'elle a décrochés et posés près de l'entrée. Elle allait devoir se séparer de tout ce qui rendait son foyer chaleureux, ce petit coin de paradis qu'elle aime tant. Elle s'est faite une raison. C'est le cœur serré qu'elle descend les cartons d'objets qu'elle ne peut pas garder. Elle paye les enfants des voisines pour les remettre à une association dont le siège n'est pas loin. Idem pour les vêtements. Elle est en train de se préparer un petit sandwich au thon quand la voisine vient voir les meubles. La garde-robe lui plaît beaucoup. Le meuble de la télévision aussi. Une autre voisine les rejoint et Fouzia vend au plus offrant. Elle est soulagée de les avoir vendus. Reste le meuble du coin cuisine et l'électroménager. Tout est neuf. Maniaque de la propreté, elle a toujours pris soin de tout ce qui se trouve chez elle. Elle demande à sa voisine du palier de faire circuler “l'info". Elle espère que d'autres voisins lui épargneront de les descendre car elle est prête à les donner que de les laisser à son cousin ou même les lui vendre. Elle ne veut plus avoir à faire à lui. Une fois la voisine partie, elle retourne à la cuisine et prend son sandwich. Elle allume la télé et zappe, espérant trouver un film qui pourra l'aider à oublier ses problèmes. Elle arrête son choix sur une série qu'elle suivait avant que tout cela n'arrive. Même si elle avait raté plusieurs épisodes, les acteurs principaux vivaient toujours les mêmes drames, ils avaient toujours des démêlés avec la justice et leurs amis remettaient en question leur honnêteté. L'habit ne fait pas le moine. Les apparences sont tellement trompeuses. L'actrice pleure de rage, implorant ses amis de la croire. Fouzia ne s'en rend pas compte mais elle aussi pleure. Elle n'a pas touché à son sandwich. En fait, elle ne mange presque pas depuis qu'elle a eu des crampes d'estomac. Elle s'est rendue compte qu'elle flotte dans ses pantalons. Elle devra renouveler sa garde-robe à ce rythme. Elle est en train de ranger le sandwich dans un film alimentaire, pensant qu'elle pourra le manger plus tard si elle a faim quand on frappe à la porte. Elle pense que sa voisine a du nouveau pour elle. Elle ouvre d'un coup, spontanément, heureuse à l'idée qu'elle la soulagera des appareils électroménagers. - Bonsoir Fouzia ! Elle écarquille les yeux en découvrant Dr Kamel sur le palier, visiblement inquiet. - Bonsoir, répond-elle, surprise. - Je voulais prendre de vos nouvelles, dit-il en entrant sans y être invité, la mettant dans la gêne. Elle sort la tête, regarde dans le palier et en direction des escaliers. Elle soupire de soulagement en ne voyant personne. Elle ferme doucement et se tourne vers lui. - Vous auriez pu appeler, lui reproche-t-elle. Que vont penser mes voisins ? Que je reçois des hommes ? Que j'ai mal tourné ? Même mes cousins ne viennent jamais ici ! - Il fallait que je vous voie... Vous avez maigri depuis l'autre fois, remarque-t-il. Et puis, je devais vous parler seul à seul ! (À suivre) A. K. Nom Adresse email