Résumé : Azad continue sur sa lancée pour raconter les déboires subis dans son enfance. En voulant le protéger, sa mère se heurtait à l'animosité de son père. Ce dernier lui faisait très peur. Il malmenait sa mère et les rendait tous malheureux. Un jour, alors qu'il lui tenait des propos acerbes, elle tenta de s'immiscer. Mal lui en pris, car elle recevra des coups et sera hospitalisée le soir même. Ma mère passera plus d'une semaine dans un état semi-inconscient. Durant tout ce temps, mon père ne montra aucun signe de vie. On dirait que la terra l'avait englouti. Mon grand-père qui ne savait plus quoi faire, vint m'expliquer que je ne pouvais pas rester chez eux à l'insu de mon père. Il me promet de me ramener à la maison dès que ma mère irait mieux. Hélas ! Ma mère, trop faible et trop déprimée, rendra l'âme sans avoir repris réellement connaissance. J'appris plus tard qu'elle n'avait pas cessé de prononcer mon nom. On la pleura, puis on l'enterra. Mes grands-parents paternels vinrent présenter leurs condoléances, mais pas mon père ! Eux non plus ne savaient pas où il se trouvait. Ils me ramenèrent à la maison et restèrent auprès de moi durant plusieurs jours. Mon grand-père m'accompagnait à l'école. Il me parlait souvent de ma mère et évoquait son souvenir avec un hochement de tête. Ne connaissant encore rien de la vie, je l'écoutais me raconter que les gens qui quittent ce monde allaient au paradis. Tout comme ma mère, ils sont plus heureux là où ils se trouvent et ne pensent plus à leur vie antérieure. Ma mère doit être plus sereine maintenant qu'elle n'est plus avec mon père. Mon grand-père hochait la tête d'un air désolé. Il me caressait les cheveux, me serrait contre lui, m'emmenait au jardin public et m'achetait un tas de jouets et de confiseries. Plusieurs jours passent ainsi, avant que mon père ne daigne se montrer. C'était en plein milieu de la nuit. Il venait de rentrer probablement d'un voyage et avait l'air de quelqu'un qui ignorait totalement ce qui se passait chez lui. En retrouvant ses parents dans la maison, il comprit que quelque chose venait d'arriver. Je somnolais sur les genoux de ma grand- mère, lorsqu'il fera irruption dans ma chambre. Il regarde sa mère d'un air curieux, puis me regarde avant de demander : - Quelque chose est arrivée ? Ma grand-mère répondit sur un ton triste : - Oui, mon fils, on vient d'enterrer ta femme. Elle avait débité cette phrase d'un air qui en disait long sur ses pensées. Mon père se laisse tomber sur une chaise et se prend la tête entre ses mains : - Pourquoi ne m'a-t-on rien dit ? - On ne savait même pas où tu te trouvais. Tu avais disparu de la maison, et même de la ville. Où étais-tu donc passé. On commençait à s'inquiéter réellement pour toi. Mon père garde le silence un moment puis se lève et lance : - J'étais très occupé. J'avais un tas d'affaires urgentes à régler. - Tout de même, mon fils, pas au point d'abandonner ton foyer et d'ignorer totalement ta femme et ton fils. Il glisse les mains dans ses poches et se met à marcher de long en large : - Elle est morte de quoi ? - Je ne sais pas au juste. Mais on l'avait hospitalisée durant plusieurs jours. - Cela s'est passé quand ? - Il y a quelques semaines. Lorsque ton beau-père nous avait appelé pour le petit, elle n'était plus de ce monde. - On aurait dû m'en informer. Je n'avais tout de même pas changé de planète. Ma grand-mère garda le silence. Elle avait compris que mon père était chez Zahia. Peut-être même étaient-ils partis ensemble en voyage... A ce moment précis, mon grand-père nous rejoint. Il avait dû surprendre la dernière phrase de son fils, et c'est d'une voix chargée de colère qu'il lance : - Mais si... Tu avais changé de planète. Mon père se retourne vivement vers lui : - Père, je n'étais pas trop loin. J'étais... - Tu étais où ? Avec cette femme qui te bourre le crâne et te détourne de ta famille ? Mon père se tut, puis tourna les talons et sortit de la chambre sans ajouter un mot. Mon grand-père me tendit alors les bras, et me serra contre lui : - Désolé Azad, mais tu vois, les grandes personnes aussi on doit les gronder. - Papa a fait une bêtise, demandais-je innocemment. Mon grand-père sourit en hochant la tête : - Oui. Pas une seule bêtise. Il a fait un tas de bêtises. - Alors tu vas le punir ? - Si je le pouvais, je lui aurais déjà tordu le cou. Ne comprenant rien à ses remontrances, je retourne dans le giron de ma grand-mère qui se remet à me bercer. Azad s'arrête un moment. Les souvenirs étaient remontés de son subconscient tel un filet d'eau. Il avait alors déversé son trop-plein sans tenter de se retenir ou de cacher quoi que ce soit. Hadjira doit connaître toute la vérité sur son passé. (À suivre) Y. H. Nom Adresse email