Résumé : Azad se rappelle de la mort de sa mère, même si à cette époque il ne comprenait pas encore les choses de la vie. Ses grands-parents paternels le prirent sous leur aile. Son père revint un soir, après plusieurs jours d'absence. Il apprend la nouvelle du décès de sa femme, mais cela ne parut pas l'affecter. Les remontrances de ses parents non plus. La jeune femme pose la main sur son bras : - Pauvre Azad, je ne savais pas que tu avais tant souffert. - Ce n'était rien jusque-là. Le pire venait après. - Le pire ! - Oui. Lorsque mes grands-parents repartirent chez eux en sommant leur fils de me garder auprès de lui et de prendre soin de moi. - Cela ne l'arrangeait pas bien sûr. - Pas du tout. J'entravais sa liberté. Il n'avait plus les coudées franches pour s'absenter et passer ses journées loin de la maison. - C'était là donc la punition infligée par ton grand-père. - En quelque sorte, mais j'étais là aussi le bouc émissaire de la situation, car mon père passait sa colère sur moi. - Pourquoi n'as-tu pas appelé ton grand-père maternel ? - Je ne le pouvais pas. On m'avait toujours rappelé que j'étais le fils de mon père, que je portais son nom de famille, et qu'en dehors de lui, personne ne pouvait se charger de mon éducation. - Mais il te reniait quelque part. - Certes. Seulement, j'étais trop jeune aussi pour réagir. Tout juste 7 ans ! Tu te rends compte ! Hadjira, compatissante, hoche la tête : - Ton histoire me touche énormément Azad. Mais on dit qu'à quelque chose malheur est bon. C'est peut-être tout ce passé-là qui t'a poussé à faire des études et à décrocher des diplômes afin de t'affirmer et de prouver à toi-même que tu peux réussir dans la vie. Azad sourit : - Tu es une fine psychologue Hadjira. Elle hausse les épaules : - Le psychologue c'est toi. Moi je ne suis qu'une petite enseignante. Il fait un geste de la main : - Tu es une grande femme. Un être très sensible et très bon. - Comment le sais- tu ? Tu me connais à peine. - Il est vraiment très facile de détecter toutes ces qualités chez toi, même si, au premier abord, tu affiches cet air réservé qui fait croire que tu es très difficile à approcher. - Vraiment ? - Lors de notre première rencontre dans l'ascenseur, tu m'avais fasciné par ton air innocent et ta pureté, mais tu n'étais pas facile à aborder. Je voulais te retenir un moment, te parler, mais tu t'es enfuie telle une voleuse, sur la pointe des pieds. - Tu mens. Je ne me suis pas enfuie. Tu avais été assez galant pour me laisser sortir de l'ascenseur avant toi. J'ai apprécié ton geste, sans plus. - Hum... Qui ment alors là-dedans ? Toi ou moi ? Elle sourit : - Je t'assure que je n'invente rien. - Alors nous sommes quittes. Moi non plus, je n'invente rien, en te disant que tu me plaisais, au point où j'ai souhaité te revoir. - Et le jour où il pleuvait à torrents, lorsque ta sœur t'avait proposé de me déposer à la maison, tu avais vu ton souhait exaucé. - Mieux encore, mon souhait a été exaucé le jour où tu avais trouvé cette souris chez toi. C'était une bénédiction. - Quoi ? La souris ? Son air effaré le fera éclater de rire : - Oui. On peut le dire. C'est cette souris qui m'a permis de te revoir encore. Elle rit : - Je ne savais que tu gardais un si bon souvenir de cette journée, où j'étais dans tous mes états et pas du tout belle à voir. - J'ai beaucoup aimé ton air effarouché et tes efforts à pourchasser cette bête qui fuyait dans tous les coins. Une véritable partie de cache-cache. - Moi qui pensais que tu avais pitié de moi. - Mais pas du tout. Il rit, et Hadjira surprend son air amusé. - Ah ! J'ai compris. Tu voulais me voir piquer une crise de nerfs et venir te supplier de m'aider. - Je t'ai tout de même aidée à capturer cette souris et à t'en débarrasser. Il rit encore : - Nous avons détourné la conversation vers un sujet un peu grotesque. Tu ne trouves pas ? Elle secoue la tête : - Non. C'est venu comme ça. Dans la communication, il y a toujours des bifurcations. Mais revenons à ton sujet initial. Que s'est-il ensuite passé entre ton père et toi ? Azad prend une longue inspiration : - Il s'est passé un tas de choses. Des choses que je ne pourrais jamais oublier. Mon père, au bout de quelques mois, se lassa de la vie qu'il menait et décida d'épouser Zahia sans tambour ni fanfare. Sans rien dire à ses parents qui se seraient à coup sûr opposés à cette union. Il la ramène un soir et me somme de la respecter en me disant que c'était ma nouvelle maman. (À suivre) Y. H. Nom Adresse email