Les élections anticipées sont peu probables au Maroc. Mohammed VI a tout fait pour minimiser la crise gouvernementale instaurée par le retrait de l'Istiqlal, le vieux parti historique du Maroc, de la coalition gouvernementale menée depuis 2011 par les islamistes du PJD, dont le modèle est son homologue turc, l'AKP. Après avoir échoué dans sa tentative de faire revenir l'Istiqlal sur sa décision, le roi du Maroc est rentré d'un voyage privé en France pour essayer de recoller les morceaux et donner l'impression que tout va pour le mieux dans son pays, que la crise n'est, somme toute, que passagère. Le roi, qui n'a pas cessé d'exhorter Hamid Chabat à rester au gouvernement, a actionné depuis dimanche des personnalités influentes du Makhzen et de la société civile pour qu'elles appellent à un autre gouvernement de coalition nationale au sein duquel les aspects idéologiques seraient mis entre parenthèses, sinon en veilleuse. Le dos au mur, Benkirane, le chef du gouvernement et numéro un du PJD, s'est par ailleurs entretenu avec Abbas El-Fassi, le patron de l'Istiqlal. Les négociations ont portées sur la formation du prochain gouvernement avec à la clef sa “bonne gouvernance", le motif invoqué par l'Istiqlal pour jeter le tablier le 11 mai. Peu après, le parti a toutefois fait état d'un appel du roi Mohammed VI visant à l'exhorter à revenir sur sa décision. Si la deuxième force politique du pays a dit maintenir sa démarche, celle-ci n'a pas encore été mise en œuvre. La presse marocaine, qui n'est pas aussi indépendante qu'elle se le raconte, s'est jusqu'ici contentée de commenter abondamment la crise gouvernementale depuis bientôt une semaine. La Constitution marocaine propose deux sorties : un remaniement ou des législatives anticipées. Surtout pas la seconde voie pour Mohammed VI qui n'est pas préparé à cette perspective et qui doit certainement redouter les urnes d'autant que ses réformes se sont révélées n'être que de simples promesses et que dans l'affaire du Sahara occidental, il n'a pas eu les gains qu'il escomptait malgré le volte-face de Washington. Dans la situation actuelle, “il est hautement probable que nous ayons un gouvernement Benkirane II, avec ou sans l'Istiqlal", écrivent les éditorialistes marocains depuis samedi. Donc, les choses se dirigent vers un remaniement ministériel, qui conduira au remplacement de certains ministres, ont également estimé les journaux de Rabat. Mais Mohammed VI a du pain sur la planche pour rabibocher son chef du gouvernement Benkirane avec le chef de l'Istiqlal, Hamid Chabat, dont les relations sont plus détestables que jamais, selon Rabat. Le chef du gouvernement marocain et son ex-partenaire de l'Istiqlal ne s'adressent plus la parole depuis l'échec, mi-février, d'une médiation lancée sur ordre du roi par les ministres de l'Intérieur, Mohand Laenser (MP), et de l'Habitat, Nabil Benabdallah (PPS), tous deux membres de la coalition autour des islamistes. La dernière passe d'armes entre les deux leaders étant celle du 1er mai : le chef de l'Istiqlal, qui est toujours leader de l'Union générale des travailleurs du Maroc (UGTM), a accusé un ministre islamiste d'être un “ivrogne". Du coup, la coalition gouvernementale a tourné court. D. B Nom Adresse email