S'il y a un secteur difficile à gérer, c'est bien celui de l'information, surtout dans un pays où la prise de décision se trouve centralisée au niveau du Président, sans compter les autres canaux qui travaillent en sous-main. Dès son arrivée au pouvoir, le Président a, d'emblée, mis une barrière entre la presse nationale et lui, préférant les médias étrangers. Ce n'est pas par manque de confiance mais par l'habitude qu'accompagne cette génération à ne pas communiquer et à évoluer dans le secret qui a vite viré à l'opacité, d'une part, et a ouvert grandes les portes à la rumeur, d'autre part. Ce verrouillage se retrouve dans les autres institutions censées, de par les textes de leur création, jouir d'une totale indépendance. Parmi ces dernières, citons la Cour des comptes, l'Office central contre la corruption ou le Conseil supérieur de la magistrature. L'erreur commise est de vouloir brimer certains titres quand l'opération séduction ne fonctionne pas et de taxer certains titres d'opposition quand ils ne font que rapporter des faits réels et véridiques. Mais, à la décharge du Président, il faut reconnaître que sous ses mandats, aucun journaliste n'a été emprisonné pour délit de presse. Une belle opération d'image de marque du pays à l'étranger que cet alibi démocratique qui dérange, certes, mais n'est pas nuisible. Aussi, les tentatives des différents ministres en charge de ce secteur, aussi généreuses fussent-elles, se heurtent au mur du silence officiel et se contentent d'organiser des états généraux qui n'en finissent pas et qui se contentent de recommandations qui s'entassent sur les bureaux ministériels. Certains n'arrivent même pas à prendre des décisions de gestion intrinsèques à leur secteur comme la régulation de la publicité qui passe par un monopole, pour les annonces émanant d'entreprises et d'institutions publiques. La visibilité du champ médiatique se trouve tellement parasitée que la cacophonie a fini par se nourrir de rumeurs gonflées par une manipulation multiforme. Des médias sans statut juridique exercent en dehors de la loi sans aucune crainte, d'autres titres ne déclarent pas tout leur personnel. Comme réponse, on demande à la profession de s'organiser quand c'est la mêlée sur le terrain. Le Président a promis une loi et elle sera votée tout en renvoyant à des textes d'application que nous pouvons attendre. O A [email protected]