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Le professeur Chelghoum, Président GPDS (laboratoire Génie Parasismique, Dynamique et Sismologie, à “Liberté"
“Les pouvoirs publics appliquent toujours la même politique d'avant le désastre du 21 mai 2003"
Publié dans Liberté le 21 - 05 - 2013

Liberté : Quel constat faites-vous dix années après le séisme qui a frappé Boumerdès et Alger. Et est-ce que les pouvoirs publics ont tiré des enseignements suite à cette catastrophe ?
Professeur Chelghoum : Dix ans après la catastrophe sismique de Boumerdès, force est de constater qu'aucune leçon ayant une relation directe avec la sécurité du bâti en général n'a été retenue par les pouvoirs publics. Par ailleurs, il faut dire que la totalité des soi-disants grands projets lancés ces dix dernières années ont été décidés d'une manière unilatérale par ces pouvoirs publics sans le moindre débat contradictoire technique et avec un seul objectif à savoir “la marginalisation de tous les experts et scientifiques indépendants". Autrement dit, comment expliquer le lancement d'une autoroute avec des centaines d'ouvrages d'art (ponts, tunnels, viaducs, soutènements, etc.), celui du tramway au niveau de chaque grande ville, une grande mosquée sur le lit majeur d'un oued à Alger, un grand stade à Baraki, la faculté de droit à Saïd-Hamdine sans études d'impact ni étude de risques (aucune référence aux principes fondamentaux de prudence, de précaution et de concomitance) avec une réglementation technique nationale simpliste et inadéquate.
Tous ces projets sont implantés à quelque dizaines de mètres des voies express et de l'autoroute défiant ainsi les règles de base et les fondamentaux de l'aménagement du territoire et l'ordonnancement urbain. De plus, les pouvoirs publics “maître d'ouvrage" ont toujours eu recours à l'utilisation des règles de calcul étrangères à cause de l'inapplicabilité des procédures algériennes car empiriques voire archaïques ne permettant pas d'anticiper correctement les phénomènes sismiques dans les constructions. Malgré nos multiples écrits depuis l'avènement de cette catastrophe et dans lesquels nous avons toujours fait de manière objective et professionnelle des propositions concrètes pour la mise en place d'une véritable stratégie de prévention des risques encourus au niveau de toute la frange nord du pays en se basant sur les résultats de notre expertise sur l'ensemble du bâti endommagé ou effondré in situ, le constat sur site démontre clairement que les pouvoirs publics ont refusé de tirer les enseignements nécessaires de ce cataclysme et continuent à appliquer la même politique d'avant le désastre, d'où la situation actuelle en 2013 peut être qualifiée de “chaotique" à tous les niveaux de l'acte de bâtir à savoir : occupation aléatoire des sols à bâtir pour le cas de tous les projets répertoriés par nos soins, ces sols étant classés sur les plans géotechnique et géologique comme “non-aedificandi" c'est-à-dire non constructibles sous aucune condition compte tenu des risques majeurs encourus tels que les sites inondables, sols vaseux sédimentaires, sols liquéfiables, sols sujets à des glissements de grande ampleur, sols à tassements excessifs et réguliers, présence de failles sismiques mitoyennes au site, mitoyenneté des installations IRM ou autoroutes. Ainsi, il est aisé de conclure que l'absence de mesures préventives rationnelles et proportionnées dans les phases de maturation de conception d'exécution de ces projets place indéniablement ce pays dans la catégorie des régions les plus vulnérables vis-à-vis des catastrophes naturelles en général et du risque sismique en particulier dans le monde, et ce, malgré les sommes d'argent colossales gaspillées pour leur réalisation.
L'Etat a lancé ces dix dernières années plusieurs projets dont un million de logements, des autoroutes, des ponts, des universités... Pouvez- vous nous dire si les normes parasismiques ont été respectées et appliquées ?
Au lendemain du séisme de Boumerdès et suite à l'expertise d'une centaine d'ouvrages sérieusement endommagés ou effondrés, j'avais posé au niveau de la Commission nationale d'experts la problématique engendrée par l'application de la réglementation nationale, à savoir le RPA et les DTR's sur la sécurité du bâti. Prise de panique, l'administration a procédé dans la précipitation à l'élaboration d'un addenda c'est-à-dire un correctif des règles initiales (RPA 99) sans travaux de recherche approfondies ni consultation élargie à l'ensemble des experts ayant une expérience établie et un savoir-faire dans le domaine de l'acte de bâtir.
Aussi, il est important de signaler que la réglementation en vigueur pour tous types d'ouvrage en l'état actuel ne peut assurer une protection fiable contre les effets d'un probable tremblement de terre majeur (supérieur à 7 sur l'échelle de Richter).
Est-ce que les recommandations établies par les scientifiques faites au lendemain du séisme de Boumerdès, notamment en ce qui concerne les préventions en cas de catastrophe, ont été retenues ?
En effet, au lendemain du séisme, une Commission nationale d'experts regroupant aussi bien des personnes du secteur public, des scientifiques et des experts indépendants a été formée sous la coordination du ministre de l'Environnement, Cherif Rahmani, et dont la mission principale concernait d'abord l'expertise de la catastrophe, ensuite la proposition de solutions urgentes pour le retour à la vie normale des citoyens, et enfin l'élaboration d'une loi relative à la prévention des catastrophes et le développement durable. Je dois dire que cette mission très complexe parce qu'elle concerne tous les secteurs d'activité a été menée et accomplie selon les règles de l'art grâce, il faut le dire, à l'excellente coordination et la compétence de M. Rahmani (il faut rendre à César ce qui appartient à César).
L'aboutissement de ce travail a été couronné par le vote de la loi relative à la prévention des catastrophes par les deux Chambres. Malheureusement, le décret d'application de cette loi brille toujours par son absence.
Malgré la promulgation d'une nouvelle réglementation (loi 04-05), un nombre important de constructions illicites est enregistré chaque année. Même les institutions de l'Etat semblent ne pas respecter la législation en vigueur. Selon vous pourquoi ?
C'est une question pertinente mais la réponse est simple. Il faut dire qu'une construction illicite ne se réalise pas en quelques jours. Ces gourbis sont généralement construits au vu et au su de tous les responsables locaux (wali, P/APC, responsables de la sécurité, police d'urbanisme, etc.) pendant plusieurs mois voire des années pour les constructions en dur. Par conséquent, les walis devraient endosser toute la responsabilité de cette catastrophe.
Un séisme de 5,5 vient de frapper la région de Béjaïa, pouvez-vous nous donner plus d'explications et pourquoi cette wilaya du nord du pays ?
Le séisme qui vient de frapper la ville de Béjaïa relève à mon avis de l'activité sismique normale de cette région. Je vous rappelle les séismes qui ont secoué dans le passé cette région à savoir El-Mansoura (7 septembre 1939), Béni Ourtilane (10 novembre 2000) et Béni-Ilmane (14 mai 2010). Permettez-moi de porter à votre connaissance un fait historique qui prouve que la côte de Béjaïa a toujours bougé par le passé, rapporté par deux géologues français, les capitaines Rozet et Carette (1846) comme suit : “C'est ainsi que sur la côte de Bougie (Béjaïa), certaines révélations d'une autre nature qui sous leur forme étrange et superstitieuse attachent invariablement le nom et le patronage d'un grand marabout à chaque mouvement de sol. La crédulité populaire croit que les détonations mystérieuses émanant des différents massifs avoisinants provoquant des commotions souterraines sont l'œuvre du marabout Djoua. Quoi qu'il en soit le canon de Djoua est pour toutes les tribus qui l'entendent un signal de réjouissance, la terre tremble quand les canons de Djoua parlent". Il faut noter, également, que tous les autochtones ne partagent pas la confiance superstitieuse des Kabyles du canon de Djoua ; éclairés par de sinistres exemples, ils connaissent bien les effets terribles de ce phénomène qu'ils appellent “la zenzela" et l'existence de “la grande et la petite zenzela".
Est-ce que les dispositions seraient prises par les pouvoirs publics en cas de catastrophe touchant la capitale ?
Concernant la capitale, il est clairement établi qu'elle se situe dans une zone à forte activité sismique donc sujette à l'occurrence d'un séisme violent à tout moment comme les villes de Blida et d'Oran. Pour illustrer les effets dévastateurs de cette catégorie de secousses telluriques, les capitaines Rozet et Carette (1846) décrivaient “la grande zenzela d'Alger (3 février 1716) a précipité les indigènes dans la mer en bouleversant le sol, la première secousse fut assez violente pour renverser une grande partie de la ville, un grand nombre d'habitants restèrent ensevelis sous les décombres, la deuxième secousse eut lieu le 26 février 1716 presque aussi forte que la première détruisant les habitations restées intactes".
Ainsi dans le cas d'Alger. L'état des lieux du bâti nouveau et ancien identique à celui de Boumerdès sinon pire pour les constructions datant de la période coloniale nous permet d'affirmer qu'un séisme avec la même intensité que celui du 21 mai 2003 provoquerait les mêmes dégâts proportionnellement aux enjeux qui seront touchés. Comme les tremblements de terre restent des phénomènes récurrents mais imprévisibles et non négociables à ce jour, la responsabilité incombe à la puissance publique de prendre et d'implémenter toutes les mesures préventives suscitées pour limiter ou réduire les effets dévastateurs de ces secousses telluriques. L'état souverain se doit de mettre en place une stratégie cohérente et claire en matière de gestion des risques majeurs en général et du risque sismique en particulier car sa responsabilité demeure entière en cas de calamité.
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