Le cycle de conférences, qui se tient en marge de la compétition et des soirées artistiques du Festival national de la musique diwane à la Maison de la culture de Béchar, a été entamé hier matin par la projection d'une rétrospective de l'édition précédente du festival, et a été suivi par une conférence intitulée "Le diwane, du profane au sacré, au profane encore une fois", et animée par Mohamed Tahrichi, doyen de la faculté des lettres (université de Béchar). M. Tahrichi a d'abord expliqué que l'existence même de l'art détermine les relations entre les hommes et leur environnement. "Ce sont des énergies expressives que l'artiste traduit pour les transmettre aux autres. Et la fête constitue un lieu où se rencontre le sacré (constant) et le profane (variable)", a-t-il estimé. Pour M. Tahrichi, problème se pose dans le diwane parce qu'il représentait "la culture des marginaux" et n'était pas accessible à tous. "Mais, avec le temps, le diwane a commencé à représenter une culture plutôt officielle", a-t-il soutenu. De plus en plus visible, le diwane a investi la scène, mais, pour le conférencier, sa pratique s'éloigne du rituel et devient profane. Cette transformation a eu des conséquences négatives sur la culture diwane de manière générale, "et lui fait perdre quelques spécificités". "La gestuelle et le mouvement disparaissent du diwane, et je dis cela avec réserve ; et la notion de sacré commence à disparaître également du diwane", a déclaré l'orateur. Il citera, par exemple, le détachement de la symbolique des couleurs et d'autres besoins liés au rituel. Quant aux points positifs, Mohamed Tahrichi a évoqué la visibilité dont jouissent les artistes aujourd'hui, ce qui peut être considéré, d'après lui, comme "une alternative au manque de créativité dans le domaine de la musique en Algérie. Le raï, par exemple, n'est plus dans un processus de création". Mais l'universitaire reste objectif, en considérant que "la pratique du diwane aujourd'hui n'est pas encore un phénomène. Cela reste des expériences éparpillées". M. Tahrichi relèvera également que la transe (ou le hal) est devenue un état individuel qui est désolidarisé. Il a proposé, lors du débat, une sorte de recommandations pour le festival, notamment un rituel diwane qui réunirait tous les participants, ainsi que des ateliers et rencontres entres artistes. S. K. Nom Adresse email