Onze jours après les premières manifestations contre le gouvernement Erdogan, le calme est loin d'être revenu en Turquie, où les manifestants occupent toujours les places publiques des grandes villes en réponse aux menaces du Premier ministre. Le retour de Recep Tayyip Erdogan au pays n'a guère contribué à calmer la tension, bien au contraire, le bras-de-fer entre lui et les manifestants est loin d'être terminé. En effet, hier au onzième jour de la crise, les manifestants turcs restaient déterminés contre le gouvernement, malgré les menaces du Premier ministre Recep Tayyip Erdogan qui, de plus en plus agacé, a promis de leur faire payer "un prix élevé". Même si au lendemain d'un week-end, qui a encore vu des dizaines de milliers de personnes défiler dans plusieurs grandes villes du pays aux cris de "Tayyip, démission !", l'emblématique place Taksim d'Istanbul a retrouvé une relative tranquillité, les manifestants se sont donné rendez-vous pour la fin de la journée, bien décidés à ne pas céder aux diatribes du chef du gouvernement. Ce dernier a enflammé ses troupes dimanche dans une série de discours au vitriol contre les "pillards" et les "extrémistes" défiant son autorité dans la rue. Le chef du gouvernement turc a nettement durci le ton face à la contestation. Tout au long de la journée, il a saturé le terrain médiatique en haranguant à six reprises des milliers de partisans sur un ton de plus en plus ferme. "Ceux qui ne respectent pas le parti au pouvoir dans ce pays en paieront le prix", a lancé le leader turc à Ankara devant une foule chauffée à blanc. "Si vous avez un problème, vous pouvez rencontrer mon maire, ou mon gouverneur (...) je peux même vous rencontrer moi-même si vous choisissez des représentants", a-t-il poursuivi. "Mais si vous continuez comme ça, j'utiliserai le langage que vous comprenez parce que ma patience a des limites." Semblant sûr du soutien d'une majorité de Turcs, Erdogan a demandé à plusieurs reprises à ses fidèles de "donner une leçon" de démocratie aux manifestants lors des prochaines élections municipales de 2014. En 2011, son Parti de la justice et du développement (AKP), issu de la mouvance islamiste, avait recueilli à lui seul 50% des suffrages. Au moment où le chef du gouvernement turc achevait le dernier de ses discours, la police a violemment dispersé, dimanche soir, pour la deuxième journée consécutive, des milliers de manifestants réunis place Kizilay à Ankara, le cœur de la contestation dans la capitale. Plusieurs personnes ont été blessées et d'autres interpellées. Le dernier bilan publié à la veille du week-end par le syndicat des médecins turcs faisait état de trois morts, deux manifestants et un policier, et de près de 5000 blessés, dont plusieurs dizaines dans un état grave, depuis le début du mouvement. La stratégie de la tension adoptée par le chef du gouvernement fait craindre des dérapages entre les manifestants et ses partisans. Des accrochages entre les deux camps, jusque-là limités, ont été signalés la semaine dernière, notamment à Rize, le village d'origine de la famille d'Erdogan sur les bords de la mer Noire, et à Adana. Très sensible aux événements et au ton employé par le chef du gouvernement, la bourse d'Istanbul a ouvert hier matin en baisse (-1,82%). La semaine dernière, la place stambouliote a chuté fortement à deux reprises. M T Nom Adresse email