Les formations se succèdent sur la scène du stade En-Nasr, depuis vendredi dernier, mais jusqu'à présent, aucune troupe ne nous a encore donné une leçon de diwane. On a eu à découvrir une belle prestation très musicale de Wlad Bambra, un intéressant programme de Tourat Gnawa d'Oran, et une prouesse de danse de haut niveau de la part d'Ouled Sidi Blal de Mascara, certes, mais il manquait toujours un petit quelque chose. Un charisme vocal, une profondeur dans le jeu et surtout un programme bien ficelé avec des enchaînements (ces derniers sont quasi absents lors des performances des groupes en compétition). Lundi soir, la tendance a été renversée avec la remarquable prestation de Hna Mssalmin de Aïn Sefra (Naâma), qui a présenté une des plus intéressantes prestations artistiques de cette 7e édition du Festival national de la musique diwane, qui prendra fin ce soir. Le chant profond du Koyo Bongo (chanteur en jargon diwane) Mohamed Rahmani, très authentique, avait des accents de modernité. Mohamed Rahmani, issu d'une grande famille de praticiens de ce genre (et qui continuent à le pratiquer et former les plus jeunes d'entres eux) à Aïn Sefra, a réussi à transmettre de l'émotion, à exprimer l'identité qu'on découvre à peine des diwane, et surtout à nous rappeler que le rituel ne peut, certes, pas être restitué sur scène, mais qu'il se vit à chaque instant. Lorsqu'on est issu de la tradition diwane, on ne peut s'en départir parce qu'elle nous définit. Alors que durant ce festival, le problème du sacré (le rituel) et le profane (la scène) se pose avec insistance, et au moment où les organisateurs s'interrogent sur la dimension spectacle de ce festival, la formation Hna Mssalmin vient, comme pour rassurer, et rappeler que le diwane est surtout lié à l'énergie du groupe, l'émotion. Il participe à la (re)création d'un monde libéré de toutes les contraintes, harmonieux, où l'âme s'exalte et exulte, notamment à travers la transe. Hna Mssalmin a présenté un programme qui rend hommage à cinq des sept tribus diwane : Haoussa, Bambara, Seigo, Bosso, Milka. La voix puissante du Mqedem Mohamed Rahmani a, entre autres, repris Baba Hamou et Dawa. Si les membres de la troupe ont porté des tenues d'inspiration étrangère (Mohamed Rahmani portait une tenue algérienne dans la pure tradition des diwane, avec un turban de 30 ans d'âge), ils ont été savoureusement créatifs, réussissant notamment un enchaînement de près de 20 minutes non stop. S. K. Nom Adresse email