Depuis son élection comme président du MSP, en remplacement d'Abou Djerra Soltani, cramé par les années compromettantes de ménage avec la coalition présidentielle, Abderrazak Makri est en train de dessiner par petites touches, le contour du personnage qu'il entend désormais être sur l'échiquier politique. Capitalisant sur sa réputation de "dur" et d'opposant à la ligne participationniste, il cherche visiblement à mettre ce prérequis politique et moral au service de son ambition : être le nouveau fédérateur de l'islamisme algérien. Sorte d'avatar du FIS, la violence en moins. Il n'a eu de cesse d'y travailler depuis son onction par le dernier congrès du parti. D'abord en reprenant à son compte l'expérience de l'Alliance de l'Algérie verte, puis en s'attelant à renouer nolens volens les liens entre les héritiers de cheikh Nahnah. Hier, à Sidi-Fredj, en organisant ce raout qui a regroupé une partie du must de l'Internationale islamiste avec en guest star Ghanouchi d'Ennahda tunisien, il a acquis, d'une certaine façon, une bénédiction qui lui permet de revendiquer désormais le statut d'interlocuteur avec le pouvoir. Car, en toile de fond de cette démarche fédératrice des forces islamistes, il y a surtout la perspective de la présidentielle 2014, un test historique que ces forces ne veulent pas rater après avoir échoué de rééditer un "printemps arabe", version islamo-algérienne. Et Abderrazak Makri, fort de cette union qui est encore en gestation, ambitionne d'être le candidat de la mouvance islamiste, d'autant que des sondages, néanmoins anecdotiques, faut-il le préciser, le créditent déjà d'une certaine audience. Mais le fait que cheikh Ghanouchi soit chaperonné hier par Sid-Ali Boughazi, un conseiller du président Bouteflika, n'est pas si innocent que cela. Le geste dépasse la simple courtoisie islamiste. Faut-il alors croire que la montée en puissance de Makri ne serait qu'un dérapage contrôlé de la part des faiseurs de la décision politique ? Façon de favoriser l'expression de son ambition pour le faire apparaître, le moment venu, comme le signe du specte de l'islamisme qui pousserait alors les Algériens, le jour de l'élection, à choisir le moindre mal que sera le candidat du système. On sera encore dans le chantage à l'islamisme. Une ficelle déjà utilisée par le passé. Nom Adresse email