La paralysie est totale : suspension des soutenances des étudiants de 5e année, arrêt des travaux de recherche et perte de travaux de manipulation, animaux de laboratoire sans nourriture et soins... Que se passe-t-il au juste à l'Ecole nationale supérieure vétérinaire (ENSV) d'El-Harrach ? La question mérite d'être posée vu l'ambiance électrique qui y règne depuis quelques semaines. Promue au rang de grande école ouverte aux bacheliers ayant décroché une bonne moyenne, l'ENSV vit une tension des plus scandaleuses. En effet, recourir à la fermeture de l'école et y faire la loi pour s'imposer sont devenus une tradition. Il suffit qu'un litige éclate pour que la situation dégénère. Et c'est le cas depuis quelques semaines. Ne sachant plus quoi faire pour accentuer la pression sur les responsables, les étudiants de 4e année n'ont pas trouvé mieux que de fermer leur établissement et d'y interdire l'accès à tout le personnel. La paralysie est totale : suspension des soutenances des étudiants de 5e année, gel des activités pédagogiques, arrêt des travaux de recherche et perte de travaux de manipulation, animaux de laboratoire sans nourriture et soins... Evidemment, à chacun sa version des faits et ses arguments. Chacun plaide sa cause. Les étudiants, qui se sont autoproclamés maîtres incontestés et incontestables des lieux, soutiennent que "c'est leur ultime recours pour faire aboutir leurs doléances, à savoir suppression des notes éliminatoires qu'un groupe d'enseignants ‘distribuent' aux étudiants ainsi que les sujets d'examen trop difficiles élaborés par le même groupe". Ils révèlent que ces enseignants, à la solde de l'ancien directeur de l'ENSV, "veulent nuire à l'école pour porter préjudice à l'actuel responsable et l'empêcher d'être à la tête de la nouvelle école située à El-Alia. Les tentatives du directeur et de certains enseignants de calmer les esprits se terminent souvent par des menaces et des bousculades violentes". Les étudiants réclament le report des synthèses au mois de septembre, la révision "des sujets contraignants", la proclamation des résultats des examens 48 heures après leur déroulement et la remise des copies. Des enseignants exigent une commission d'enquête ministérielle Contactée, une des enseignantes du groupe ciblé, s'est dit "étonnée" de ces accusations. Ne voulant point "contribuer au déclin de l'école, mon souci est de maintenir le niveau de l'enseignement aux normes qu'exige une école supérieure quelle que soit l'administration qui est à sa tête", nous dit Mme Bouabdallah. Pour elle, "le préjudice est, entre autres, le fait d'enseignants qui ont décidé de ‘punir' les étudiants de 5e année, alors que le portail de l'annexe de l'école avait été laissé ouvert pour permettre les soutenances". Ainsi, "face à ces accusations, il n'y a qu'une enquête qui pourrait trancher et renseigner de manière objective sur la situation réelle de l'école et faire la lumière sur ceux qui œuvre pour la casser. Nous voulons que les sujets de tous les enseignants et les copies de tous les modules soient examinés par une commission officielle du Mesrs". Menace sur la santé publique Réagissant de son côté, l'autre clan du staff enseignant (majoritaire) défend sa position et soutient : "Nous ne sommes pas en grève. Nous avons décidé du gel des activités pédagogiques y compris les soutenances car nous ne pouvons plus travailler dans des conditions déplorables." En réaction aux agissements inadmissibles d'un groupe d'étudiants imposant par la force et l'agressivité leur diktat, les enseignants ont décidé de : arrêt de toutes les activités pédagogiques de fin d'année jusqu'à l'ouverture "immédiate et inconditionnelle" de toutes les portes et accès de l'école dans "la sérénité et une totale sécurité", note un communiqué des enseignants. L'un d'eux mettra l'accent à son tour sur la dégradation du niveau catastrophique des étudiants qui n'arrivent même pas à assimiler les cours prodigués par les enseignants, souvent contraints d'être indulgents. "Les notes sont gonflées et les promotions sont surchargées. Nous sommes contraints d'expliquer les cours en arabe car nos étudiants ne maîtrisent pas la langue française." Une des enseignantes considère qu'avec un tel niveau de formation des futurs vétérinaires, "c'est la santé publique qui est menacée. Comment pourront-ils détecter une viande avariée ? Un animal en rage ou encore un animal atteint d'une quelconque maladie ?" Il faut signaler, enfin, que la justice a été saisie et que le conseil de discipline de l'ENSV compte siéger dans les prochains jours pour prendre des mesures. M B Nom Adresse email