Ces prénoms sont propres aux régions sahariennes, plus précisément à l'Ahaggar. Il s'agit du nom de l'éléphant, Elu et de sa femelle, Tellut. Des noms d'animaux sont également employés dans les régions du Nord (par exemple H'djila, perdrix, et son pendant berbère, Sekkoura ; Rym, gazelle, et son équivalent berbère, Tahenkod...); mais il s'agit d'animaux réputés pour leur grâce, et non d'éléphant. Chez les Touareg, les noms d'animaux les plus inattendus sont employés comme prénoms : la girafe, la mouche, le fennec, le hérisson et même la souris ! Des clans chez les Touareg ont pour ancêtres des animaux, qui sont aussi employés comme prénoms. C'est d'ailleurs le seul parler berbère à utiliser autant d'animaux dans son onomastique. Cette caractéristique a été interprétée par les spécialistes comme des restes d'animisme. Il s'agit d'une croyance qui attribue une âme à tous les êtres vivants, humains et animaux, ainsi qu'aux choses et aux éléments naturels. Nous traiterons, dans cette rubrique, des prénoms touareg qui font également partie du patrimoine onomastique de l'Algérie et des symboles rattachés à ces animaux. L'éléphant est mentionné par de nombreux auteurs anciens. Au 5e siècle avant J.-C., Hannon, le fameux voyageur carthaginois, et Hérodote, le géographe grec, en signalent partout, et Polybe, qui écrit que la Libye (c'est-à-dire le Maghreb) est pleine d'éléphants et que dans les régions du Sud, on utilisait leurs défenses pour faire des poteaux et des clôtures. Le même Polybe indique qu'il tenait cette information du roi Gulussa, fils de Massinissa. Juba II, le roi érudit de Maurétanie, qui s'intéressait à la faune et à la flore de son pays, est à la source de nombreuses informations sur les éléphants que des auteurs grecs et latins reprendront. C'est sans doute lui qui a répandu l'idée de cimetières d'éléphants où les bêtes, vieilles ou malades, allaient mourir. C'est encore lui qui attribue des sentiments religieux à l'espèce, qui adorerait le soleil levant, en brandissant des palmes. L'importance de l'éléphant était telle qu'il a souvent été pris comme symbole de l'Afrique. Il figure notamment sur les monnaies des rois berbères et dans l'art grec. L'Afrique est représentée sous la forme d'une femme coiffée d'une dépouille d'éléphant ou proboscis. L'éléphant a disparu depuis longtemps du paysage saharien. Il ne figure plus dans les contes et les légendes, mais son nom est resté chez les Touareg. Signalons, pour la curiosité, que ce nom est demeuré au Nord dans la toponymie, avec Aïn Tellout, littéralement "la fontaine de l'éléphante", dans la région de Tlemcen. . M. A. H ([email protected]) Nom Adresse email