Dassine est un prénom touareg que l'on utilise de plus en plus dans les région du nord, à l'image d'un autre prénom touareg, Tin Hinan. Mais si Tin Hinan n'est guère usité chez les Touareg qui, étant le nom de leur ancêtre fondateur, interdisent son emploi, Dassine est très répandu. Il semble provenir du mot tadasin qui est lui-même un diminutif de tadast, moustique, qui représente ici la petitesse, donc la joliesse. D'ailleurs, la tradition onomastique touarègue est la seule, parmi les Berbères, à utiliser fréquemment des noms d'animaux comme prénom, aussi bien pour les garçons que pour les filles : girafe, éléphant, souris, chat etc. Parmi les Dassine connues, citons Dassine ult Ihena, noble dame touarègue, célèbre pour sa beauté et ses aventures amoureuses. Née vers 1885, morte en 1930, elle était issue de la tribu des Kel Ghela et elle avait été mariée par ses parents, une première fois, contre son gré. Recouvrant sa liberté, elle eut le loisir de choisir entre les prétendants qui lui faisaient la cour. Il y avait surtout son cousin, Moussa ag Amastan, futur chef suprême (amenokal) du Hoggar, son ami et partisan, Soughi et Aflan ag Dawa, de la tribu des Ifoghas, qui était, lui, partisan d'Attici, rival au commandement de Moussa. Dassine choisit Afan. Moussa, soutenu par les Français, remporta une victoire sur ses ennemis et Aflan quitta le Hoggar, Dassine refusa de le suivre et continua à vivre dans le pays avec ses serviteurs. Elle séjourna à Abalessa, Tit et Tamanrasset, essayant de conquérir Moussa, mais celui-ci, qui lui tenait encore rancune, la fit attendre longtemps avant de l'épouser. Dassine fréquenta les amis français de Moussa, notamment Laperrine et le père de Foucault, missionnaire installé depuis quelques années au Hoggar. L'assassinat de ce dernier, en décembre 1916, provoqua des représailles de l'armée française. La population se révolta. Dassine usa de toute son influence pour calmer les insurgés et demander leur pardon, d'abord auprès de Laperrine, puis de Moussa. La nouvelle organisation du Hoggar profita à Moussa qui retrouva son autorité. La reddition du sultan Mahmud de Djanet lui donna, en juillet 1920, la possession de cette ville. Mais son triomphe fut de courte durée puisqu'il mourut l'année suivante. Dassine lui survécut quelques années. Elle joua un rôle quasi-officiel, en accueillant les délégations en séjour au Sahara ainsi que les touristes.. M.A. H ([email protected])