Rien ne va plus à la Ligue algérienne de défense des droits de l'Homme (Laddh). Trois décades après sa création, elle est en état de léthargie et risque de disparaître si les soupçons de corruption qui pèsent sur certains de ses cadres s'avèrent vrais. En effet, depuis la démission de Me Mustapha Bouchachi de son poste de président pour se présenter à la députation sous la bannière du FFS, la grogne est allée crescendo chez les cadres de la ligue. Ainsi, des cadres et des membres du comité-directeur accusent des anciens responsables "de détournements et de corruption". Grave accusation, surtout que ces militants indiquent que les "accusés" refusent toujours de présenter un bilan financier exhaustif et procéder, comme le veut le règlement, à une passation de consignes. "Me Bouchachi était toujours absent, et dès lors, il avait confié la gestion de la ligue à Moumen Khellil qui était SG", indiquent-ils. Pour le Dr Naïli Djabria, actuelle SG, "on veut une passation de consignes en bonne et due forme". "Moumen Khellil était salarié à la ligue et il recevait quelque 65 000 DA", ont révélé Dr Naïli et Dr Fekhar. Pour eux, "il est inconcevable que les sections ne payent pas le loyer alors que la ligue roule sur des milliards". Le Dr Fekhar a ajouté que lors de la présentation du bilan financier par Moumen Khellil, ce dernier "a refusé de donner des détails et il avait parlé de quelque 2 milliards". "Une somme, a-t-il précisé, que personne ne sait comment elle est déboursée". "Ils fuyaient les réunions pour ne pas présenter de bilans", ont-ils souligné. Ces absences répétées de l'équipe de Me Bouchachi aux réunions de la Laddh fait grossir la "rumeur" et prêter le flanc au clan adverse qui a sollicité le président d'honneur de la ligue, Me Ali Yahia pour intervenir. "Nous avions demandé le règlement de ce problème à l'intérieur de la ligue, mais ils ont refusé", a dit le Dr Fekhar qui a décidé "de déposer une plainte pour détournement". Dans une lettre ouverte adressée à MMe Bouchachi, Benissad et Ali Yahia Abdenour, en sa qualité de président d'honneur de la ligue, "la Laddh est en état de léthargie, de paralysie même, il faut la remettre en mouvement", accusant Me Benissad d'avoir "foulé aux pieds les idéaux et les valeurs des droits de l'Homme qu'il est censé incarner". Me Ali Yahia accuse aussi Mustapha Bouchachi de s'être "doté au 3e congrès de la Laddh (...), de tout le pouvoir par la révision des statuts". Il raconte que Aïssa Rahmoun a été chargé de revoir les statuts de la ligue pour permettre au président, donc à Me Bouchachi, de désigner le comité-directeur qui est l'exécutif de la ligue. Me Ali Yahia rappelle qu'avant le comité-directeur était élu. "Il y a concentration de pouvoir entre les mains de Bouchachi (...), qui supprime le contre-pouvoir que représente le comité-directeur, exécutif de la ligue. Il est le premier président d'une ligue des droits de l'Homme indépendante de part le monde, qui désigne l'exécutif qui doit être élu par le conseil national issu du congrès", s'est-il indigné, avant d'accuser Bouchachi d'avoir "la haute main sur l'argent de la ligue, avec le secrétaire général et le responsable des finances, ne se sont pas soumis à un contrôle financier, par le comité-directeur et le conseil national. La ligue est, pour eux, un bien de famille". Contacté par téléphone, Moumen Khellil, ex-SG de la ligue, a estimé que ce problème "est une affaire interne à la ligue". Il a ajouté qu'elle sera traitée au sein des instances de la ligue et que "les deux parties sont d'accord sur le principe". Le Dr Fekhar a, quant à lui, évoqué "la disparition d'une aide d'une association française d'une valeur de 4 000 euros". D'autres responsables accusent la même équipe d'avoir détourné le matériel offert à la ligue par la mission d'observation des élections législatives de l'UE. À signaler que toutes nos tentatives de joindre Me Benissad se sont avérées vaines. Affaire à suivre... M M Nom Adresse email