RéSUMé : Fouzia en veut à mort à Kamel. Elle pensait à l'attirer dans un coin isolé, à l'empoisonner, à l'abandonner à sa lente et certaine mort, à l'égorger même, mais elle a un haut-le-cœur en pensant au sang. Elle l'aime. Ces pensées l'empêchent de dormir. La colère finit par tomber. Elle se demande quel crime a-t-elle pu commettre pour être condamnée à souffrir autant ? Ce matin-là, elle porte du noir, met des lunettes pour dissimuler ses yeux rougis à force d'avoir pleuré. Elle se rend à son travail et tous ses collègues remarquent sa tristesse. Ce deuil... Sa collègue de bureau Samia est très peinée de la voir dans cet état. Elles travaillaient ensemble depuis des années, et même si elles n'étaient pas devenues amies intimes, elles se respectaient beaucoup. Samia profite d'un moment où elles sont seules pour l'interroger. -Qu'est-il arrivé ? Tu as perdu quelqu'un ? -Non... Enfin si... Une boule dans la gorge l'empêche de répondre. Les larmes coulent sur ses joues. Fouzia retire ses lunettes et s'essuie les yeux. Elle a honte et pleurait comme une collégienne. Elle soupire tout en remettant ses lunettes et tente de respirer profondément, pour retrouver un peu de calme. Ne voulant pas affronter le regard de sa collègue, elle feint de mettre de l'ordre dans les papiers du bureau. Mais c'était compter sans Samia qui compatit à sa peine. - Fouzia, on se connaît depuis des années ! Je suis bouleversée par ce qui t'arrive ! Tu sais que tu peux compter sur moi ! Tu ne peux pas tout garder pour toi, cela te fera du bien d'en parler ! J'ai de la peine de te voir souffrir ! - Parler ? À quoi bon raconter ses malheurs ? À quoi bon ? Tu ne peux rien pour moi ! -Ne dis pas de bêtises !, insiste Samia. Tu sais, je sais écouter et même être bonne conseillère ! Fouzia s'efforce de sourire. -Je n'en doute pas, répond-elle, avant de soupirer. Je n'en vois pas l'utilité ! Rien ni personne ne peut changer mon destin ! -Cela te fera du bien de te confier, insiste Samia. On finit notre travail et on sort déjeuner ensemble ! Fouzia accepte. Elle se met au travail même s'il est difficile de se concentrer. Elle voit la pause déjeuner arriver avec soulagement. Elle est épuisée. Les deux collègues se rendent dans une pizzeria. Il y a du monde et aucune table ni libre. Samia propose d'aller ailleurs. Fouzia qui meurt de faim insiste pour entrer dans une boulangerie pâtisserie où elles mangeront au comptoir même. Les clients doivent se serrer pour céder le passage à ceux qui sortent. Fouzia a l'impression d'étouffer. Une fois rassasiée, elle sort, laissant Samia régler à sa place. Celle-ci la rejoint après. Dans la ruelle se trouvent des vendeurs de fruits, les cagettes posées sur le trottoir. Fouzia se laisse tenter et achète des fruits qu'elles mangeront au bureau. Elles y retournent rapidement. Elles ferment la porte du bureau pour être à l'aise et à l'abri des oreilles indiscrètes. Samia attendait cet instant depuis le matin. Elle prend une chaise et s'assoit près d'elle. -Je sens que tu vas mieux ! Grâce à Dieu ! -Je n'ai pas le choix, répond Fouzia. À chaque épreuve, je me suis relevée, sans soutien à part celui de notre Créateur ! -Oui, il faut garder la foi ! Je t'en prie, raconte-moi ce qui s'est passé !, la presse Samia. Je t'écouterai sans t'interrompre, promet-elle. -Tu te rappelles Kamel ? -Oui... Ton mari, dit Samia en hochant la tête. Qu'a-t-il fait ? -En fait, on était ensemble ! On ne s'est jamais mariés... Fouzia lui raconte, sans donner de détail sur leur histoire. Samia n'en revient pas lorsqu'elle lui confie avoir refusé de se marier. -Tu avais 24 ans, s'exclame-t-elle. C'est l'âge où l'on se marie, où l'on a des enfants ! Tu aurais dû accepter !, lui reproche-t-elle. -J'avais fait l'erreur de refuser ! -Et de continuer, l'interrompt Samia. Il avait sa femme, des enfants ! Avec toi, il mettait un peu de piment dans son quotidien ! Sans plus ! Fouzia secoue la tête, des larmes dans les yeux. - Non, il m'aimait... Elle ne peut pas accepter l'idée d'avoir été un objet de plaisir. Rien d'autre... (À suivre) A. K. Nom Adresse email