"Le traumatisme crânien est la pathologie la plus fréquente dans les accidents de la circulation..." Dans les services des urgences des hôpitaux de la capitale, les médecins urgentistes tirent la sonnette d'alarme. Les accidents de la circulation et sur la voie publique sont en augmentation chaque année. Le registre d'admission montre, si besoin est, que chaque jour la violence routière fait de nouvelles victimes. À ce sujet, un médecin nous dira : “Nous recevons de plus en plus d'accidentés de la route et vu l'état des blessés, que ce soit pour les piétons ou les automobilistes, la violence des chocs est très souvent due à une vitesse excessive et, malheureusement, cela entraîne des traumatismes et des handicaps très lourds (paraplégie, tétraplégie, amputation…) ou alors, dans la majorité des cas, la mort. Ce sont les jeunes de 18 à 35 ans qui sont les plus souvent les victimes des accidents de la circulation, alors que pour les piétons, les enfants et les personnes âgées sont les plus touchés.” La pathologie la plus fréquente dans ce genre d'accident, et qui est aussi la plus dangereuse, est le traumatisme crânien. Un praticien explique : “Le traumatisme crânien est la pathologie la plus fréquente dans les accidents de la circulation. Malheureusement,on décède jusqu'à 100 %.” M. Belkadi, rencontré à l'hôpital de Ben-Aknoun où il est surveillant médical, attire notre attention sur l'un des principaux facteurs de la violence routière, l'abus d'alcool : “A mon sens, le deuxième facteur important qui survient lors des accidents de la circulation est l'abus d'alcool. Je ne comprends pas pourquoi les pouvoirs publics ne mettent pas l'accent sur ce fléau. J'ai l'impression qu'il y a un tabou autour de ce problème majeur qui coûte la vie à des centaines de personnes chaque année. Juste le week-end dernier, deux accidents sur trois que j'ai eu à traiter sont dus à la consommation excessive d'alcool.” Sur la prise en charge des accidentés, les services des urgences sont plus ou moins bien équipés pour les premiers soins, mais il reste la prise en charge posturgence, c'est-à-dire que le malade devant être transféré dans des services spécialisés pour davantage de soins doit être transporté d'un endroit à un autre avec tous les risques. Cela peut parfois lui être fatal. Donc, pour cela, certains hôpitaux, comme Mustapha-Pacha et Ben-Aknoun, œuvrent dans ce sens et devraient réceptionner au début de l'année prochaine de nouvelles structures d'accueil avec des blocs opératoires. Concernant les soins prodigués aux blessés sur les lieux de l'accident, les médecins urgentistes déplorent le fait qu'il n'y a pas d'équipe médicalisée formée et prête à se déplacer sur place pour pratiquer les premiers gestes qui, très souvent, sont déterminants dans la survie de l'accidenté. Quant aux campagnes de sensibilisation, le personnel médical est unanime : elles sont quasi inexistantes. Et quand il y en a, elles sont trop timides. Pour eux, “il faut choquer les gens, montrer des images pour qu'ils puissent voir la réalité des choses. Il faut que la population se rende compte de la gravité de la situation. Il faut responsabiliser les automobilistes, car la route tue plus que le terrorisme.” M. O.