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Il y a 55 ans naissait l'institution qui allait négocier l'indépendance
Le grand hommage de Rédha Malek au GPRA
Publié dans Liberté le 18 - 09 - 2013

"Nous sommes des Algériens, à ce titre, nous n'avons fait que notre devoir au service de la Révolution de notre peuple. Nous nous considérons comme des soldats qui se battent et savent mourir pour leur idéal. Ainsi, nous faisons partie intégrante de l'Armée de libération nationale, nous avons des chefs à qui nous devons obéissance. Nous avons un gouvernement, le GPRA que nous reconnaissons seul capable de nous administrer justice", c'est là un extrait de la déclaration faite devant le tribunal de la Seine (Paris) par Ghafir Mohamed, dit "Moh Clichy", responsable de super zone, à Paris, de la Fédération de France FLN, une vingtaine de jours après la constitution du GPRA, le 19 septembre 1958. Il venait d'être condamné à deux ans de prison ferme. Hier, le Forum de la mémoire du quotidien El Moudjahid, en collaboration avec Machaâl Echahid, est revenu sur la création du Gouvernement provisoire de la Révolution algérienne. Et qui pouvait mieux animer la conférence, sinon Rédha Malek, ancien diplomate et Chef de gouvernement. Du haut de ses 82 ans, l'ex-porte-parole du GPRA lors des négociations d'Evian raconte les circonstances ayant présidé à la création de cette institution qui jouera un rôle important dans l'avenir du peuple algérien.
"Il est très difficile de se figurer l'importance de cet évènement qui devait, grâce à un travail d'information et de diplomatie, porter la voix de la Révolution et faire connaître la cause du peuple algérien au plan mondial. Comme il est très difficile de s'imaginer cette création au moment où l'Algérie était sous l'emprise d'une administration coloniale dotée de plus de 800 000 soldats", rappelle-t-il. Et de souligner que la proclamation du GPRA est intervenue également à une période charnière, soit trois mois après l'investiture de de Gaulle à la tête de la Ve République. Le général avait cru à un coup monté contre lui. Il le confiera d'ailleurs à Abderrahmane Farès lorsqu'il recevra ce dernier à Matignon durant cette période.
Car la création d'un gouvernement de cette manière signifiait que l'idée d'indépendance était acquise. La confusion qui s'installe au sein du gouvernement français oblige de Gaulle à parler de l'autodétermination. "On a fini par comprendre qu'il ne s'agit nullement d'un gouvernement en exil pour faire de la propagande, mais bien d'un développement naturel et la consécration de quatre années de lutte", précise le conférencier.
Mais l'idée germait, comme le dit Rédha Malek, depuis bien longtemps. L'enlèvement en octobre 1956 des cinq principaux dirigeants de la Révolution, considéré comme le premier acte de piraterie aérienne de l'histoire, fut un des déclencheurs de cette idée. Il y eut aussi la conférence de Tanger en avril 1958. Le travail d'information eut des résultats inattendus, explique l'ancien diplomate.
"L'éclatement de la Révolution de 1958 en Irak proclamant Kassem au pouvoir verra la majorité des pays arabes entraînés par la position de l'Irak à reconnaître le GPRA. Cette institution sera d'abord prise en sympathie puis adoptée par d'autres pays notamment du bloc socialiste, alors que le gouvernement chinois a été le premier à la reconnaître. Ces reconnaissances agacent de Gaulle qui menace de rompre les relations diplomatiques avec les pays concernés." Mais le train était bien lancé. Information et diplomatie allaient de pair. Pour le conférencier, "il fallait briser la conjuration du silence, passer aux actes et faire du grabuge", une manière de dire que l'opinion internationale devait être alertée. Cette forme d'agir ne manquera pas de perturber, pis encore de saper la propagande française.
On en veut pour preuves ces diplomates qui quittent la salle à chaque fois que nos représentants sont présents lors des sessions des Nations unies. Et on finira par comprendre que le GPRA était non seulement incontournable dans les négociations pour l'Indépendance mais que toutes ses revendications concernant le pays devaient être acceptées. Ce qui finira par amener de Gaulle à lancer à son Premier ministre : "Il faut accepter les négociations sans conditions." Mais l'administration coloniale tentera d'isoler le Sahara lors des négociations de Lugrin. Le GPRA quitte la salle annonçant la reprise du combat, contraignant une dernière fois de Gaulle à accepter sans aucune ambiguïté.
AF
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