Les différents clans sont "contre l'indépendance de la justice, la transparence, la liberté, la presse, le citoyen et pour l'opacité, les fraudes, l'arbitraire et la censure", estime le président du RCD. Les derniers changements effectués par le président Bouteflika au sein des institutions de l'Etat sont, aux yeux du RCD, porteurs de graves dangers pour le pays qui, avec ces décisions, s'enfonce un peu plus dans "une tribalisation caricaturale". "Le changement opéré au sein du gouvernement consacre une tribalisation plus caricaturale que jamais du pouvoir en vue d'assurer l'impunité pour les auteurs d'un détournement industriel des richesses nationales", a affirmé le président du RCD, Mohcine Belabbas, dans une allocution prononcée, hier, à l'occasion d'une réunion de son conseil national tenu au musée d'El Moudjahid, à Alger. "L'Algérie, Etat, nation et société, est maintenant en péril. La faillite structurelle de l'Etat se dévoile dans des comportements tribaux grotesques, voraces et opaques depuis une année, autant de réactions qui déshonorent la nation, insultent le sacrifice de notre peuple et hypothèquent l'avenir du pays", a-t-il appuyé. "Le dernier remaniement ministériel, loin de refléter une prise de conscience chez les décideurs sur les dangers qui guettent le pays, consacrent l'institutionnalisation de la médiocrité et du pillage, confirmant qu'il est vain d'attendre qu'une solution vienne de l'intérieur d'un régime liberticide", a-t-il encore ajouté. Comment une telle dérive s'est-elle produite ? L'analyse du président du RCD est : "Si le pays a été livré aussi facilement à une meute sans foi ni loi, c'est qu'un travail de sape, mobilisant moyens et énergies de l'Etat, a été mené depuis des dizaines d'années par ce pouvoir occulte pour contenir, réduire et au besoin anéantir tout effort, toute initiative, toute proposition visant à redonner à l'Algérien la maîtrise de son destin." Ceci dit, ce qui inquiète le RCD, ce n'est pas tant le démembrement des services de renseignement que cette mainmise totale du clan présidentiel sur tous les leviers de commande et "cette confiscation tribale de l'Etat". "Les dernières mesures prises pour neutraliser l'omnipotence du DRS — diluant la concentration de capacités décisionnelles confisquées par une officine occulte, hégémonique et inaccessible à tout contrôle — auraient pu, dans l'absolu, constituer une opération annonçant la construction d'un Etat de droit s'il n'y avait, en même temps, une offensive mettant le pays sous la botte d'une secte. Ce démembrement est rattrapé par une colonisation tribale du gouvernement, ce qui le vide de toute prétention républicaine", a déploré M. Belabbas qui a tenu à rappeler que son parti a eu à proposer, il y a dix mois, "la dissolution de la Police politique, la destitution du chef de l'Etat en vertu de l'article 88 de la Constitution et la restitution du sigle FLN au peuple". Militant pour une solution en dehors du système en place, le RCD n'attache pas d'importance à cette guerre au sommet, surtout que les clans en compétition sont contre tout fonctionnement démocratique des institutions. "Les problèmes qui divisent les dirigeants civils et militaires ne concernent pas la nature du pouvoir ou les solutions à préconiser en faveur d'une sortie de crise. Sur le fond, il y a consensus. Ils sont d'accord contre l'indépendance de la justice, la transparence, la liberté, la presse, le citoyen. Ils sont d'accord pour l'opacité, les fraudes, l'arbitraire et la censure. C'est pour cela qu'il est vain de prendre des opérations de reclassement d'une clientèle au détriment d'une autre ou la récupération des pouvoirs d'un clan au profit d'un autre comme des solutions aux problèmes de la nation", a expliqué M. Belabbas. Selon lui, la solution est dans le rassemblement de toutes les forces politiques et sociales autour d'un minimum pour exiger une compétition loyale et honnête à l'occasion de la prochaine présidentielle. "La priorité de l'heure, la seule urgence politique qui vaille, est de mobiliser pour rassembler tous les segments politiques et sociaux, sans distinction de sensibilité, pour arracher les conditions d'une élection organisée par une instance autonome dans la transparence et la libre expression des citoyens", a expliqué M. Belabbas. A. C. Nom Adresse email