Un "printemps arabe" au Soudan alors que là où il a pris jusqu'ici il a été mis en procès, voire rejeté par les populations qui l'avaient organisé pour se débarrasser de leurs régimes autocrates et dont la dynamique a été dévoyée par des pouvoirs islamistes pires que les dictatures évincées. Des heurts et des attaques contre des biens publics et privés ponctuent les manifestations depuis lundi à Khartoum et dans les autres villes du Soudan. Depuis une semaine, jour pour jour, des dizaines de milliers de Soudanais ont bravé le gaz lacrymogènes et les charges des forces de police, pour crier leur colère contre le gouvernement, notamment, comme ça se passait dans l'Egypte voisine, à la sortie des mosquées. Le processus a démarré avec un mouvement de protestation contre une hausse du prix des carburants dans la capitale, puis s'est propagé comme un feu follet à Omdurman, ville jumelle de Khartoum, où les slogans sont ouvertement politiques : "À bas le pouvoir de l'armée" bien en évidence avant le "Non à la hausse des prix". Les manifestants jouent au chat et à la souris dans cette ville, ainsi qu'à Khartoum Bahri, au nord de la capitale, et dans les parties sud et est de Khartoum. Une stratégie de guérilla urbaine, rendant difficile la tâche de la police de disperser les manifestations, leur donnant une durée de vie plus longue et permettant ainsi à d'autres personnes de les rejoindre. Et ainsi, malgré utilisation de gaz lacrymogènes, la plupart des manifestants sont restés dans la rue. Au point où le président Omar el-Béchir a fait appel à l'armée qui s'est déployée en force dans la capitale en prévision de nouvelles manifestations, auxquelles ont appelé l'opposition ainsi que des militants réclamant son départ. Les médias publics continuent de garder le mutisme face à cette contestation d'une ampleur inédite depuis l'arrivée au pouvoir d'el-Béchir en 1989. Pour maintenir le black-out médiatique sur les manifestations, les autorités ont, en outre, saisi ou empêché de paraître trois quotidiens : as-Soudani, al-Majhar as-Siassi et al-Watan. Qui est derrière ce printemps de Khartoum ? On n'en sait pas grand-chose à part un communiqué d'une "Alliance des jeunes de la révolution soudanaise", qui se manifeste sur les réseaux sociaux, réclamant la démission du chef de l'Etat ainsi que du gouvernement corrompu. D. B. Nom Adresse email