Le Soudan a rompu hier ses relations diplomatiques avec le Tchad, accusant N'Djamena d'avoir soutenu une attaque sans précédent de rebelles du Darfour contre Khartoum, tandis que le couvre-feu imposé à la capitale soudanaise a été partiellement levé. “Nous sommes contraints de rompre les relations diplomatiques avec (le) régime” tchadien, a déclaré à la télévision publique le président soudanais Omar El-Béchir, vêtu d'un uniforme militaire. De violents combats ont opposé samedi à Omdurman — la ville jumelle de Khartoum liée à la capitale par un pont sur le Nil — l'armée soudanaise aux rebelles islamistes du Mouvement pour la justice et l'égalité (JEM), le plus puissant militairement des groupes rebelles du Darfour, province de l'ouest du pays en guerre civile. “Nous attribuons toute la responsabilité de l'attaque au Tchad”, a ajouté M. Béchir, rentré dans la nuit d'Arabie saoudite. De son côté, le gouvernement tchadien a affirmé qu'il prenait “acte avec regret” de la décision du Soudan de rompre ses relations diplomatiques après une attaque samedi de rebelles du Darfour au nord de Khartoum, dans un communiqué officiel publié dimanche à N'Djamena. “C'est donc avec la plus grande surprise que le gouvernement tchadien a appris la décision du gouvernement soudanais de rompre les relations diplomatiques entre les deux pays. Le Tchad ne peut que prendre acte et avec regret de cette décision précipitée”, souligne le communiqué. Le couvre-feu imposé à Khartoum depuis samedi 17h (14h00 GMT) a été partiellement levé, mais reste en vigueur à Omdurman jusqu'à nouvel ordre, a annoncé en début d'après-midi le porte-parole de la police, Mohamed Abdoul Majid. Il a précisé que des rebelles se trouvaient toujours dans certaines zones résidentielles d'Omdurman. Les rebelles avaient assuré qu'ils marchaient sur Khartoum après s'être emparés d'une base aérienne au nord de la capitale. Khartoum a affirmé avoir déjoué l'opération, accusant aussitôt son voisin tchadien d'être derrière l'attaque dans le but de “déstabiliser” le Soudan, malgré le démenti officiel du Tchad. “Nous avons des preuves qu'il y a eu des contacts entre (les rebelles et) le gouvernement du Tchad ainsi que l'ambassade du Tchad à Khartoum”, a affirmé un haut responsable du ministère des Affaires étrangères, Ali Youssef. Il a indiqué qu'“aucun étranger n'avait été blessé ou tué”, sans plus de détails. “Un calme total” règne à Khartoum et à Omdurman, a ajouté le bureau du porte-parole de l'armée. D'après l'agence officielle égyptienne Mena, toutefois, l'aéroport international de Khartoum a été fermé pour raisons de sécurité. R. I./Agences