Le ministre égyptien des Affaires étrangères a demandé de l'aide devant la tribune de la 68e AG de l'Onu pour débarrasser l'Egypte de ses terroristes et des Frères musulmans décrétés hors la loi. "Je suis persuadé que la communauté internationale, qui rejette depuis longtemps le terrorisme, soutiendra le peuple égyptien dans sa lutte contre la violence et ses partisans, et n'acceptera aucune tentative pour la justifier ou la tolérer." C'est par ces mots que Nabil Fahmy a tenté de séduire l'Onu. Sous le vocable de terrorisme, a-t-il implicitement expliqué, se cachent les Frères musulmans contre lesquels l'armée et le gouvernement intérimaire égyptiens luttent sans merci depuis les violences qui ont suivi la destitution et l'arrestation, le 3 juillet, du président islamiste Mohamed Morsi, issu de cette confrérie vieille de 80 années. Un millier de personnes ont été tuées dans ces heurts et plus de 2000 islamistes ont été arrêtés, toute la tête des Ikhwan est en attente de jugement pour haute trahison et sédition contre la République. Dans son discours à l'ouverture de l'assemblée générale de l'Onu, le président américain Barack Obama avait prévenu que la poursuite du soutien des Etats-Unis à l'Egypte dépendrait de ses progrès vers la démocratie. Les militaires égyptiens ont ainsi tenté de justifier la violente répression contre les Frères musulmans, alors que la justice égyptienne a interdit, la veille de l'AG de l'Onu, les activités des Frères musulmans et confisqué leurs biens. "Nous sommes déterminés à appliquer pleinement la feuille de route qui prévoit des élections en 2014, ce qui nous oblige à donner priorité absolue à la préservation de la sécurité et à nous opposer à toute tentative d'intimidation", a plaidé le ministre égyptien, rejetant "toute ingérence" dans les affaires intérieures de son pays. Mais ce n'est pas du tout la rupture avec les islamistes car le général Al-Sissi a mis en selle Al-Nour, l'autre face de l'islamisme en Egypte. Et pour de nombreux observateurs au Caire, ce n'est pas uniquement pour servir de "caution islamiste" au coup d'Etat militaire ni de montrer également combien les Ikhwan étaient isolés, y compris au sein de leur propre camp. L'armée égyptienne, comme l'ensemble des armées arabo-musulmanes, est traversée par des courants religieux. En outre, comme ils ne sont pas particulièrement démocrates, les militaires du Caire ont toujours cru pouvoir faire de l'islamisme un fond de commerce, comme les islamistes. Al-Sissi a joué sur la concurrence entre les Frères Musulmans et le parti Al-Nour, d'autant que le second se méfiait des desseins totalitaires des Ikhwan dont le projet de mettre l'Egypte sous leur seule tutelle passait par une prise de contrôle de toutes les mosquées, à commencer par celles des salafistes. Al-Nour, qui partage tout de même le projet de réislamisation des Ikhwan, avait même travaillé et collaboré avec ses frères idéologiques, notamment sur la constitution écrite en 2012 par Morsi avant de changer de veste pour manger dans le râtelier de l'armée. Maintenant, Al-Nour joue serré : il pense récupérer les électeurs islamistes qui ne voteront pas non islamiste mais qui ne voteront plus Ikhwan, exclus de toute compétition. Sinon, la Jamaa Islamiya compte sur les voix qui lui seront attribuées pour service rendu. C'est une pratique très usitée dans les pays arabes. Sauf que derrière cette recomposition, l'Egypte a été rattrapée par le terrorisme, une donne qui risque à coup sûr de fausser les calculs des uns et des autres. Le Jihad Islamique constitue certes un groupe assez restreint mais il risque de prendre de la pâte avec sa référence au leader d'Al-Qaïda, Muhammad Al-Zawahiri, un égyptien qui pèse par son nom de famille et par son histoire djihadiste. D. B Nom Adresse email