[De notre envoyée spéciale à Oran : Sara Kharfi] Rabéa Moussaoui, commissaire du Festival du Film Arabe (Fofa) a convié les médias au théâtre régional Abdelkader-Alloula d'Oran, à une conférence de presse de pré-bilan de la septième édition du Fofa, quelques heures seulement avant le tomber de rideau. Elle a rappelé la vocation du festival, avant de partir au milieu de la conférence de presse, et de laisser Sidahmed Sahla, le chargé de la communication, et Mounes Khammar, le directeur artistique, répondre aux interrogations des journalistes. M. Sahla a indiqué que 24 pays ont participé à cette 7e édition, 14 pays ont pris part aux différentes compétitions (Longs Métrages, Courts Métrages, Documentaire), et 73 participants, entre producteurs et cinéastes, ont assisté à l'évènement. Revenant sur le départ «précipité» de la comédienne Laila Taher (honorée par le Fofa à l'ouverture), ainsi que celui de ce matin de deux membres du jury Long Métrages, à savoir Carmen Loubos et Chérif Mandour, Mounes Khammar a expliqué que ces départs sont justifiés par «les engagements professionnels de ces artistes», relevant que certains sont venus après le début du festival, et que d'autres sont partis avant la fin. Les représentants des médias, notamment TV et Radio, ont soulevé le problème de certains artistes invités qui ont refusé d'accorder des interviews, à l'exemple des syriens Asaad Fedha et Sabah Eldjazaïri. Et le directeur artistique d'expliquer : «Dans d'autres festivals, il y a des sponsors et les invités sont tenus par leur contrat de répondre aux journalistes et de faire des interviews, or le Fofa est organisé par le Ministère de la Culture. Ce n'est pas un festival commercial. On ne paie pas les invités et on ne peut leur imposer des interviews. Ce qu'on demande aux artistes est qu'ils assistent aux projections». Revenant sur la polémique autour de «Harraga Blues» de Moussa Haddad, projeté dans le cadre du Panorama du Cinéma Algérien au Fofa, alors que la productrice souhaitait le voir concourir en compétition officielle, Mounes Khammar a soutenu que : «‘Harraga Blues' méritait de participer au Festival et c'est ce qui s'est vraiment passé, puisqu'il a été projeté dans le Panorama. Mais le film ne rentrait pas dans les critères de la thématique de cette édition qui était de montrer la Nouvelle vague du cinéma Arabe. Et franchement, je ne voyais pas Moussa Haddad entrer en compétition avec des réalisateurs qui font leurs premiers films». Interrogé également sur les conditions de projections du film à la salle Essaâda d'Oran, Mounes Khammar a signalé que le Fofa «n'a pas reçu de copie en 35 millimètres», tout en soulignant que les conditions de projections dépendent de l'équipement de la salle et non du Fofa, posant ainsi le problème des salles de cinéma en Algérie. «Il faut équiper les salles de manière très sérieuse», a-t-il dit. Pour clore ce chapitre polémique, M. Khammar, qui a signalé avoir expliqué tous ces détails à la productrice du film dix jours avant le début du Fofa, a déclaré : «Je ne me permets pas d'engager une polémique avec Moussa Haddad». Le directeur artistique du Fofa a, en outre, parlé du «Diwan Bouguermouh», le village installé par l'Aarc, et a évalué cette expérience comme étant «positive», tout en concédant le fait que les premiers jours, elle a eu du mal à démarrer. Ce n'est qu'au troisième jour que les choses ont commencé à se mettre en place, et que les professionnels du cinéma ont commencé à fréquenter cet espace, qui est tout de même loin des salles de projections. Questionné à propos du choix du thème de cette édition, Mounes Khammar a indiqué que : «le Fofa est un festival spécialisé, contrairement à des festivals généralistes comme Cannes ou Berlin. Il faut savoir que dans le monde arabe, il n'y a pas beaucoup de productions, donc on a choisi de délimiter une thématique de la Nouvelle vague, et des premiers films, parce qu'on reproche généralement aux réalisateurs des premiers films le fait d'avoir voulu beaucoup de choses à la fois, et nous avions justement envie d'avoir un regard éclaté et profond sur les sociétés arabes». Et de souligner, concernant les films proposés et qui étaient d'inégale valeur : «le Fofa est un festival international mais spécialisé. Il dépend de la production du cinéma dans le monde arabe. On ne peut pas influencer la qualité. La qualité est importante mais on est obligé de jouer entre qualité/ représentativité. Cependant, on choisi les films avec prudence ; on n'a pénalisé aucun film, mais comme nous avons une certaine responsabilité dans le choix des films, il y a des films qui ne rentrent pas dans nos critères, qui font l'apologie de la violence ou autre. Et c'est partout pareil dans tous les festivals.» Il a également défendu le film «C'est dans la boite» de Djamil Beloucif, que beaucoup ont considéré comme un documentaire et non un film de fiction, en estimant que la démarche du réalisateur était «d'utiliser l'esthétique du cinéma documentaire, utilisé d'ailleurs ces dix dernières années par beaucoup de réalisateurs ; Djamil Beloucif a traité d'un sujet réel par le biais de la fiction». S. K. Nom Adresse email