On connaissait ses talents d'auteur de bande dessinée et de caricaturiste, mais pas encore ses facultés de comédien et d'humoriste. C'est chose faite à présent, avec le spectacle qu'il a joué, jeudi soir, à la salle polyvalente du village du Fibda. Gyps, dont une exposition avec Dahmani est visible jusqu'à aujourd'hui au Fibda, a présenté, pour la première fois à Alger, son spectacle Algé-Rien, créé en 1999, et directement inspiré d'une bande dessinée éponyme, sortie en 1998. Avec aisance et décontraction, Gyps a joué son spectacle qui reprend des étapes autobiographiques : ses débuts dans la presse en Algérie, la difficulté d'exercer son métier en Algérie dans le contexte des années 1990, son installation en France, ou encore sa carrière. Gyps évoquera également son rapport à la langue, à l'Algérie, se considérant parfois non comme un émigré, mais plutôt comme "un exilé". Si les sujets dont il traite sont sensibles et parfois douloureux, Gyps réussit à en rire, et faire rire son public, qui finit par adhérer à ses mots d'esprit, sa gestuelle et ses mimiques, sa bonhomie et son humour, sacrément bien dosé, oscillant entre l'humour noir (même s'il s'en défend dans son spectacle), et le comique de situation. Au moment où l'on croit retrouver ou percevoir des clins d'œil, notamment à Fellag, Gad Elmaleh, Jamel Debbouze, on est surpris et happé par Gyps qui pousse le comique à son paroxysme. Par exemple, en faisant un petit sketch sur le fait de boire de l'eau sur scène, Gyps offre à l'assistance des bouteilles d'eau. Algé-Rien est également un spectacle bien écrit et bien ficelé, avec de savoureux personnages comme Moh la Violette, Messaouda alias Mayssa, ou Karim "le tchi-tchi", parfaitement caractérisés. Le one-man-show de Gyps, qui n'hésite pas non plus à chanter sur scène (la chanson du golden boy Karim "le tchi-tchi" intitulée Ymout papa, tmout mama), est une véritable bouffée d'air frais, qui révèle un fabuleux personnage, qui ne manque ni d'humour ni de personnalité. S. K. Nom Adresse email