Un dispositif spécifique a été déployé, avec en sus un plan de charge et un système de veille qui permettent de recenser et de localiser les transhumants en constant déplacement. Classée quatrième wilaya du pays avec 1,2 million d'habitants, Djelfa semble protéger jalousement son héritage en matière d'élevage de bestiaux, devançant l'ensemble des régions du Centre et des Hauts-Plateaux. Notamment à travers les régions steppiques où les éleveurs nomades, communément appelés transhumants, sillonnent plus de 8 wilayas pour procurer l'aliment frais à leur bétail. Ce commerce, aussi juteux que difficile, attise les convoitises des criminels qui s'organisent en réseaux spécialisés pour subtiliser, à chaque opportunité, des milliers de moutons à leurs propriétaires, usant de tous les procédés allant de la menace jusqu'aux agressions. Rien qu'en 2013, pas moins de 15 réseaux ont été démantelés par la Gendarmerie nationale de Djelfa. Mais sur les 72 cas signalés, 40 plaintes sont restées sans suite, du fait que les victimes n'ont pas réagi à temps et que les lieux où se sont déroulées les agressions sont enclavés. Autrement dit, plus de 1 000 têtes sont parties dans la nature. Devant cet état de fait, le groupement de la GN de Djelfa a déployé un plan de charge pour sécuriser ces éleveurs-nomades, et ce, en procédant à leur recensement et leur localisation. Du coup, les unités territoriales ont mis en place un système de veille de telle façon à identifier chaque nomade lors de son déplacement, de recenser le nombre de têtes de cheptel et de situer la zone d'errance. Aussi, a révélé le commandant de groupement de Djelfa, le colonel Ali Hamadouche, trois unités spéciales (SSI) ont été mobilisées pour appuyer les brigades et les compagnies territorialement compétentes. Il faut dire aussi que ces nomades recourent davantage au numéro vert 10-55 pour se renseigner sur l'état des steppes et des routes. En ce sens, plus de 1 500 appels ont été effectués en septembre dernier sur ce numéro. Samedi soir, alors que les marchés à bestiaux grouillaient de monde, un réseau s'est emparé d'une quantité de cheptel avant de prendre la fuite. Les malfaiteurs et le moyen de transport ont été identifiés moins de 24 heures après cet acte. La veille, c'est un maquignon et éleveur qui s'est fait arnaquer en encaissant 100 000 DA en coupures de faux billets de 2 000 DA. Du coup, les éleveurs-nomades se retrouvent face à toutes sortes de menaces dans les méandres du désert et des Hauts-Plateaux. Il faut savoir que certains éleveurs sont armés et ont réussi à récupérer leurs fusils de chasse remis aux autorités durant les années 1990 pour lutter contre le terrorisme. Ainsi, pas moins de 300 fusils ont déjà été restitués à leurs propriétaires, dont des nomades, les autres sont en cours de livraison. Cela va sans dire, et devant les menaces permanentes, certains transhumants s'arment illégalement, comme d'ailleurs les chasseurs de gibiers. Selon la même source, pas moins de 13 armes ont été récupérées. Autre phénomène en vogue à Djelfa, les battues illégales, les abattoirs sauvages et le non-estampillage des viandes exposées sur la voie publique et les boucheries. Selon les enquêtes menées par les mêmes services, il s'agit souvent de cheptel volé et non répertorié. Echappant à tout contrôle vétérinaire, ces viandes constituent un véritable danger pour la santé publique. Raison pour laquelle les vendeurs informels proposent ces marchandises à un prix bas. Quant à l'idée de mettre une puce à l'oreille pour chaque mouton afin de le localiser, les éleveurs affichent, jusqu'ici, une totale indifférence. Du reste, des instructions fermes ont été données à toutes les unités par le groupement de Djelfa afin que le contrôle des mouvements de marchandises soit systématique. Le lieutenant-colonel Abdelhamid Keroud explique cette stratégie par le fait que "le convoyage de marchandises du Nord vers le Sud constitue une aubaine pour les trafiquants, que ce soit du côté de certains convoyeurs indélicats qui n'ont aucun justificatif, que du côté des criminels qui pourraient à tout moment organiser des guet-apens. Raison pour laquelle il y a une complémentarité entre les unités territoriales et les escadrons de sécurité routière". Selon lui, ce dispositif veille aussi à sécuriser les convois de cheptels et les troupeaux, de jour comme de nuit. Evoquant d'autres mesures et moyens mis en œuvre, M. Keroud a révélé que les gendarmes sont, désormais, munis d'appareils ultraviolets afin de détecter les faux billets aux alentours des marchés, comme dans les barrages. Ces moyens ont notamment été mis à disposition dans les marchés à bestiaux d'Aïn Al-Ibil de Djelfa et d'Aïn El-Malh. F. B. Nom Adresse email